La Tunisie, entre incertitude et projets de récupération
By FashionUnited
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La Tunisie mise sur la recherche et l’innovation
Pour Jalel Bel Haj Khalifa, directeur d’exploitation du Pôle de Compétitivité de Monastir-El Fejja, l’innovation et la recherche devraient attirer les capitaux étrangers pour investir dans le projet.Créé en 2006, ce projet -qui regroupe deux parcs industriels situés à Monastir et El Fejja au nord du pays- représente un investissement global de 25 millions d’euros financés par l’Etat.
Ce pôle technologique, mis en place pour aménager et exploiter des espaces économiques multisectoriels, dont un très important lié au secteur du textile, prête des services aux entreprises comme la maintenance et la gestion ainsi que l’animation d’un réseau partenaire comme la clusterisation ou le montage de projets soumis à des règles non polluantes par l’Agence Nationale pour la Protection de l’Environnement.
Baptisé Neotex Monastir Technopark, le site principal du textile qui prévoit de s’étendre sur 100 hectares- regroupe des organismes de recherche et de développement destiné à des entreprises innovantes couvrant l’ensemble de la chaîne textile allant de la fibre au produit fini. Pour l’instant, seules deux usines sont en marche : celles du groupe Zannier qui présente une nouvelle activité de sérigraphie.
D’ici 2018, le pôle prévoit d’y loger 300 entreprises incluant des laboratoires de recherche et une pépinière de micro-entreprises, qui permettrait la création de 15.000 emplois sur le site dont 4.500 pour les diplômés universitaires.
Objectif : rétablir un climat de confiance
Avec un portefeuille de clients comme Polo Jeans, Guess, Calvin Klein ou Replay, Sartex exporte 80 pour cent de sa production en denim vers l’Europe, 10 pour cent vers l’Asie -principalement en Corée du Sud et au Japon- puis 10 pour cent aux Etats-Unis. C’est l’Allemagne qui représente leur plus gros marché, suivi de l’Italie et de la France notamment avec des marques comme Le Temps des Cerises, Lacoste ou Cimarron.
Mounir Zarrad, directeur commercial de Sartex nous a expliqué qu’il mettait tout en œuvre pour maintenir l’activité en investissant sur l’innovation et la formation de ses ouvriers.
En innovant sur le produit brut, Sartex offre à sa clientèle une nouveauté qui le démarque de ses concurrents : la teinture végétale non polluante. Soumis à des codes de conduite de plus en plus pointus, les usines textiles tunisiennes reçoivent en moyenne deux fois par an la visite d’ingénieurs envoyés directement par les marques qui étudient l’ensemble de la chaîne de production aussi bien au niveau de la toxicité des produits chimiques utilisés que sur les conditions de travail.
Investissement sur la formation des ouvrières
En interne, Sartex assure déjà ses arrières et commence même à former sur place 300 employés étudiants âgés de 17 à 21 ans qui rejoindront plus tard les rangs des ouvrières qualifiées. Elles gagneront au départ un salaire de 350 dinars, soit l’équivalent de 150 euros par mois en tant qu’apprenties. « C’est un salaire motivant pour étudier la profession », confie Zarrad. Cet investissement en formation vise un objectif de croissance à long terme de 20 pour cent en Europe.New Acoben, société franco-suisse spécialiste du costume pour homme et femme, fondée en 1976 et rachetée en 2006 par des tunisiens, emploie aujourd’hui près de 400 employés sur deux sites de productions de la région de Sousse. Parmi ses 20 clients on retrouve Camaïeu, Burton, Jacqueline Riu, Bimba y Lola ou encore Zara pour qui la société fabrique quelques lignes classiques avec des quantités comprises entre 1500 et 3000 pièces. En 2012, la société a enregistré un chiffre d’affaire de 2 millions d’euros et prévoit une chute de 20 pour cent pour 2013. « Nous sommes malheureusement victimes de la baisse de confiance de nos clients vu la situation politique dans notre pays » a indiqué Samir Miladi, directeur de New Acoben. « Malgré tout, nous avons choisi de maintenir nos prix, soit 4,5 euros pour un pantalon pour homme ou 12 euros pour une veste », a-t-il ajouté.
Avec un délai de livraison total de 6 semaines –incluant toutes les étapes de confection, finissage des produits et envoi de la marchandise- la Tunisie reste l’une des destinations de production préférée des européens -même si la Chine et le Vietnam ont parfois des délais plus court et arrivent à produire en trois ou quatre semaines- le savoir-faire et la proximité géographique, notamment pour contrôler les conditions de travail et la toxicité des produits- restent des points à leur avantage.
Chez Bramatex, autre fabricant spécialiste du Jeans et du Sportswear qui produit 5000 pièces par jour et six collections par an, les clients nord européens comme Esprit (Allemagne), Gassel Casual (Pays-Bas) ou H&M (Suède) continuent à passer leurs commandes indépendamment des circonstances politiques. Selon Maher Braham , directeur commercial, « Notre objectif numéro un est de conserver notre clientèle avant même de penser à investir . Actuellement nous sommes bloqués pour penser à long terme mais nous restons positifs quant à la fidélité de nos clients. Il nous faut rétablir un climat de confiance ».
Texmed 2013, l’incertitude persiste
Pour Le rendez-vous annuel du secteur du textile et de l’habillement, conjointement organisé par le Cettex (Centre Technique du Textile) et le Fenatex (Fédération Nationale du Textile) –et célébré en parallèle avec le salon international de l'équipement Siet- a montré l’inquiétude des professionnels du secteur. « Le Texmed ne nous rapporte rien, c’est juste une vitrine pour la visibilité de notre entreprise », témoigne un des participants. En revanche, parmi les acheteurs européens, certains affirment que pour eux, le marché tunisien est important car c’est une plateforme du textile qui dessert l’Europe et n’écartent pas la possibilité d’implanter une usine en Tunisie.
C’est au milieu d’un panorama national et international difficile que les exposants ont fait part des problèmes rencontrés : blocages répétés dans les ports occasionnant des retards de livraisons, pertes d’argent à cause des pénalités de retard et en conséquence, pertes irrémédiables de clients. D’autres s’inquiètent également de l’inflation des prix d’énergie et des nouvelles dispositions prévues par le projet de loi de finance concernant l’imposition des bénéfices des sociétés exportatrices de 10 pour cent.
Photos: Usines textiles tunisiennes / Salon Texmed
(Anne-Sophie Castro)
Texmed
Tunisie