Lejaby embauche de nouveau

L’horizon s’éclaircit pour l’entreprise lyonnaise de fabrication de lingerie Lejaby, dont la possible liquidation judiciaire avait été un enjeu politique lors de l’élection présidentielle en mai 2012. Rebaptisée « Maison Lejaby », l’entreprise,sous l’impulsion

de son nouveau PDG Alain Prost, s’est restructurée et se positionne désormais sur le haut de gamme tout en communiquant sur le made in France.

Alain Prost, ex dirigeant de La Perla, a annoncé aujourd’hui que la marque avait réduit ses pertes en 2012 à 1,2 million d’euros pour un chiffre d’affaire de 24 millions. Pour l’exercice 2011, cette perte était de 2,7 millions. Le PDG table sur un CA de 30 millions en 2013, sans perte cette fois-ci. Une bonne nouvelle complétée par l’annonce de vingt embauches supplémentaires courant 2012.

Lors d’une visite organisée pour la presse au siège de l’entreprise à Rillieux-la-Pape (près de Lyon), Alain Prost a déclaré avoir reconstruit un réseau à l’étranger où se réalise désormais plus de 50 pour cent du chiffre d’affaires. Les nouvelles embauches concernent principalement des jeunes « pour la transmission des savoirs » précise-t-il. Pour les lignes moyen-de-gamme, l’entreprise continue de travailler avec un sous-traitant tunisien à Sfax mais assure avoir cessé toute collaboration avec la Chine.

Les « ex-Lejaby » de retour

La semaine prochaine, les danseuses du Lido présenteront la deuxième collection du segment haut de gamme de la société. Ce segment, baptisé « Maison Lejaby Couture », est fait de collections entièrement réalisées à la main, en France, chez le sous-traitant Macosa situé dans la Sarthe, mais aussi dans la société coopérative d’intérêt collectif fondée par les ex-Lejaby à Villeurbanne à partir du 14 janvier prochain. Chaque création portera une étiquette et un numéro, indiquera "100% fait main, 100% made in France" ainsi que le prénom de l'ouvrière qui l'a confectionnée. "Maison Lejaby Couture" devrait représenter un quart du chiffre d'affaires de l'entreprise d'ici à cinq ans, d’après les prévisions d’Alain Prost.

Pour rappel, « les atelières », ce groupe d’ouvrières de la région lyonnaise avait lancé, le 18 juin dernier un appel aux dons sur internet qui avait rencontré un franc succès. Par l’intermédiaire d’un groupe facebook, « les atelières » avaient récolté en moins de deux mois, plus de 50000 euros de dons, provenant pour la plupart de retraités ayant eux-mêmes travaillé dans l’industrie française. À l'occasion du Salon international de la lingerie, un partenariat avait été signé avec Alain Prost

Le PDG a réussi à lever trois millions d’euros auprès des banques, un financement à moyen terme. Il compte poursuivre les recherches de financements et précise que la société de reçoit aucune subvention.

Récemment, la société a ouvert rue Royale, à Paris, un salon couture réservé à une clientèle privilégiée. Un lieu inspiré des maisons de couture d’après-guerre. Il faut compter entre 250 à 330 euros pour un ensemble culotte/soutien-gorge, 500 à 1000 euros pour une pièce de corsetterie, 5000 euros pour un body brodé sur mesure. La clientèle, qui va de la Russie au Moyen-Orient remplissent régulièrement les palaces voisins. « Les femmes sont décalées et font leur shopping le soir mais elles adorent la lingerie, je les ai vues acheter les produits très sexy » commente Catherine Deliance, directrice du salon.

Alain Prost qui estime qu’il y a un vrai marché à conquérir dans la lingerie haut de gamme, qui est pour l’instant quasiment inexistante en France. « Pour de nombreuses entreprises, au vu des circonstances actuelles, le luxe est le seul secteur dans lequel un positionnement fort offre des chances de réussite » conclut Muriel Perrin, la fondatrice de l’atelier des ex-Lejaby.

Illustration photo : Alain Prost, le PDG de La Maison Lejaby, a accueilli les Atelières le 4 janvier dernier pour une visite complète de l’entreprise qui maîtrise toutes les étapes de la production, à commencer par la création, dirigée par Colette Candela.