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Mango retire tous ses bijoux "esclaves"

By FashionUnited

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Malencontreuse erreur de traduction ou regrettable faute de gout ? On ne le saura sans doute jamais. Toujours est-il que « l’affaire » des bijoux esclaves de Mango, qui touche à sa fin aujourd’hui (Mango arrete la vente de ces bijoux en France)

aura exacerbé les passions et aura le mérite de servir de cas d’école.

Selon
Louis-Georges Tin, président du Cran, Mango se serait excusé dans une lettre précisant que désormais « il n'y a pas de stock de ces produits sur nos boutiques en France, et qu'il n'est pas prévu pour ce marché de réassortir ces modèles ». Pour le Conseil représentatif des associations noires, « Mango a enfin compris le message. La mobilisation a été efficace : c'est une victoire totale. Enfin, les bijoux de la honte sont retirés des magasins. Cependant, a ajouté Louis-Georges Tin, le CRAN demeure vigilant, et vérifiera si, sur le terrain, cet engagement est effectivement respecté. Par ailleurs, j'estime que cette faute grave est révélatrice, et devrait pousser Mango, et les autres entreprises de ce niveau, à mettre en place d'urgence des plans de formation pour sensibiliser leurs salariés à la diversité culturelle. »

Pour celles et ceux qui auraient échappé à cette controverse qui a fait couler beaucoup d’encre depuis plusieurs semaines, rappelons que le scandale avait éclaté avec la découverte de colliers et de bracelets "style esclave" sur le site Internet de Mango début mars. La marque avait été prise à partie sur les réseaux sociaux et une pétition en ligne intitulée «L’esclavage n’est pas fashion !» avait été lancée sur le site Change.org à l’initiative de l'ex-miss France Sonia Rolland, de l'actrice Aïssa Maiga ainsi que de la chroniqueuse Rokhaya Diallo. . «Ces bijoux formés de chaînes sont censés faire de l’esclavage un objet de fantaisie et de mode», s’étaient indignés les auteurs de la pétition, adressée au service de communication et relations clientèle de Mango. «En réduisant ce crime contre l’humanité à un ornement décoratif, Mango manque gravement à l’éthique qu’une telle marque devrait défendre», avaient-ils ajouté. Deux organisations antiracistes françaises, SOS Racisme et le CRAN s’étaient saisies de l'affaire.

Mango avait réagi rapidement, notamment sur son compte twitter en évoquant une erreur de traduction. Cette explication avait le mérite d’être plausible : sur le site espagnol, les bijoux sont en effet appelés "collar estilo esclava". Or, "esclava" en espagnol a deux sens. On peut donc traduire "collier de style esclave", ou "collier de style gourmette". Pour certains professionnels, le design du dit collier ou bracelet est en effet de style gourmette, avec de gros maillons et une plaque dorée. Impossible, donc, de savoir quel était le sens premier donné au produit. De plus, l’appellation « bracelet d’esclave » est un classique de joaillerie. La bijouterie bruxelloise De Greef fabrique des « esclaves » sur mesure même si Arnaud Wittman, le responsable joaillier de la bijouterie familiale, reconnaît que le terme est peut-être mal choisi et qu’aujourd’hui, on aura tendance à parler de « bracelets manchettes » pour désigner ces bracelets plus ou moins larges.

Cette explication n’avait pas convaincu les associations. L’argument majeur : s’il s'agissait véritablement d'une erreur de traduction, pourquoi touchait-t-elle d'autres pays ? En effet, sur le site de vente en ligne italien, par exemple, le même bracelet était bien nommé "bracciale schiava" ("bracelet esclave"). De plus, pour les protestataires, la ressemblance entre les bijoux mis en vente par la marque et ceux réellement portés par les esclaves étaient trop flagrante pour que l'utilisation du terme soit fortuite. Le CRAN avait organisé un double happening à Châtelet-les-Halles et devant le magasin Mango du Forum, avec des comédiens déguisés en esclaves et avec l'ANC. Cette action avait permis de faire que les bijoux soient retirés de la vente en Île-de-France.

Ce 20 mars, après une série de discussions avec le CRAN la marque accepte finalement que les bijoux de la colère soient retirés définitivement de toute la France. Avec la réception d’une lettre d’excuses signée par Ninona Vila, directrice de communication du groupe Mango, au niveau international, et envoyée à Louis-Georges Tin, l’affaire, close désormais, aura prouvé que le monde de la mode doit désormais largement composer avec les associations dont la force de frappe est multipliée à l’heure des réseaux sociaux.

(Hervé Dewintre)
Mango
ninova Vila