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Michael Bonzom : comment se fabrique une tendance ?

By FashionUnited

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Il ressemble encore à un adolescent et pourtant Michaël Bonzom a vingt ans de métier derrière lui. Ne vous fiez pas à la vigueur de ses postures car c’est un professionnel réfléchi qui cache sous la vivacité de son allure, une curiosité tout azimut, une grande

capacité de synthèse, une concentration puissante - il en faut pour jongler d’une saison à l’autre dans des secteurs différents - et surtout une grande capacité de travail. Manager, depuis douze ans, du Studio Femme Prêt-à-Porter et Accessoires pour le célèbre bureau de tendances parisien Nelly Rodi, son portefeuille clients se partage entre des marques internationales allant de La Redoute, Etam, Morgan, H&M, Longchamp, Kenzo et Cacharel. A quelques jours de l’ouverture de la première session des grands salons de mode internationaux, Michael Bonzon revient sur le forum que son équipe a conçu pour Who’s Next Paris et nous confie quelques secrets de fabrication.

Quel
est le rôle d’un bureau de tendances ?


Notre rôle est de prospecter les tendances de consommations, tous secteurs confondus, afin de pouvoir répondre aux demandes de clients issus d’horizons très variés. Nous avons la capacité d’anticiper à plus de deux ans. Pour ce faire, il nous faut être créatif, intuitifs et nous adapter aux différentes contraintes environnantes. Notre rôle est d’exciter les sens de nos clients. De les rassurer aussi, mais avant tout de les accompagner de l’amont à l’aval d’un concept.

Comment piochez-vous l’information pour définir ces fameuses tendances? D’où puisez-vous cette inspiration ?

Ce métier nous demande d’être sans cesse sur la route. Une sorte de voyage permanent. Nous sommes très présents aux côtés de nos clients, au sein de leur société, pour nous imprégner de leur culture. Ensuite, c’est dans la rue et dans la vie que ça se passe : les looks, les comportements, les nouveaux courants musicaux etc. Nous « avalons » expos, visites de galeries, brocantes, vernissages, shopping, car pour pouvoir transmettre il faut savoir de quoi l’on parle, enfin il faut que notre analyse suscite l’inspiration, tout en restant compréhensible et digeste. Les salons de mode internationaux sont également pour nous un terrain de recherche très intéressant.

Quel genre de structure fait appel à un bureau de tendances ?

Hier, c’était principalement les directeurs artistiques et les designers qui faisaient appel à nous. Aujourd’hui, la demande émane de la direction générale ou marketing ou des « visual marchandisers » issus de grandes et petites structures et ce, dans tout type d’univers. Notre métier change et nos recommandations sont de plus en plus poussées.

Quelles tendances fortes avez-vous décryptées pour la saison automne/hiver 13-14 ?

Il y a un an et demi, l’agence a décrypté quatre thématiques fortes pour cette saison. Trois d’entre elles sont développées au salon Who’s Next Paris dans le cadre de forums de tendances.

La première, « Maximalism », est radicale et architecturée. Elle s’inscrit dans un besoin d e marquer son temps, de se singulariser et de se protéger d’un climat morose avec foison de larges volumes et de matériaux innovants.

La seconde, « Modesty », évoque la volonté de quitter le milieu urbain en conservant les innovations technologiques et digitales en milieu rural. La notion d’humain, de valeurs à transmettre, est ici primordiale, tout comme le travail de la main.

Pour moi, le troisième thème, « Fantasmagoria », est le plus porteur. Romantique et bohème, il incarne l’élégance décontractée de la fin du 19eme siècle. Un univers décadent, à la Hugo Cabret, où l’esprit et l’intellect sont mis en avant.


Michael Bonzom
Nelly Rodi
tendances hiver 13/14
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