Moncler entre en bourse

La société d'investissement française Eurazeo, premier actionnaire de Moncler annonce avoir obtenu aujourd'hui l'approbation de la Consob relative à l 'introduction en bourse du fabricant italien de doudounes de luxe qui fera

donc son entrée à la bourse de Milan autour du 16 décembre et introduira 27 pour cent de son capital. Mardi soir, Moncler a indiqué dans un communiqué que le prix indicatif d'introduction en Bourse avait été fixé entre 8,75 et 10,20 euros par action, sans toutefois donner plus de détails sur l'opération.

Eurazeo détient 31,2 pour cent du capital, le directeur général de Moncler, Remo Ruffini, contrôle pour sa part une participation de 32 pour cent, Carlyle détient 18 pour cent et Mittel Private Equity 5 pour cent. Seuls Eurazeo et Carlyle vendront des titres dans le cadre de cette opération. Carlyle, qui avait racheté 48 pour cent du capital en 2008, va vendre environ la moitié des 18 pour cent qu'il détient encore. Eurazeo vendra 14 pour cent du capital qu’il détient. Le président de la société, Remo Ruffini conservera la totalité de ses 32 pour cent du capital, confortant sa position de premier actionnaire.

La société de sacs de couchage rembourrés de duvet créée en France en 1952 près de Grenoble, à Monestier-de-Clermont (la société prit les trois et quatre premières lettres des deux noms de la ville pour créer son nom) développa, grâce à son sponsoring de l’équipe de France de ski dans les années 70, la doudoune telle que nous la connaissons aujourd’hui. Les journalistes du magazine ELLE découvrirent ce vêtement fait de nylon coloré, et le plébiscitèrent. Passant du vêtement technique au vêtement de ville, Moncler rencontra le succès dans les années 1980, avant de connaitre de sérieuses difficultés la décennie suivante.

En cinq ans, le chiffre d'affaires de l'entreprise est multiplié par quatre

L'italien Remo Ruffini, alors à la direction artistique, racheta la marque en 2003 et l’orienta vers la mode plutôt que vers le sport. Depuis 2006 et la création d’une ligne Couture Gamme Rouge avec la styliste italienne Alessandra Facchinetti, de nombreux créateurs de mode proposent des doudounes dans leurs défilés. En cinq ans, le chiffre d'affaires de l'entreprise est multiplié par quatre, celle-ci vendant environ un demi-million de doudounes par an. L’ascension est fulgurante : ouverture de la première boutique Moncler à Paris,Faubourg Saint Honoré en 2007, suivie de la boutique de Chamonix puis Milan, ouverture de la boutique de New York en 2010 : fin 2012 la marque peut se targer de disposer de 80 points de vente en propre dans le monde, dont sept en France.

A l’aube des années 2000, les collections Moncler étaient moyen de gamme et comprenaient toutes sortes de vêtements sportswear autour de la doudoune, qui avait perdu de sa légitimité. Désormais, les doudounes, vendues entre 800 et 1.000 euros, génèrent environ 85 pour cent du chiffre d'affaires de la société. C’est avec cette nouvelle donne que Moncler compte bien séduire les investisseurs en s'appuyant également sur son intense développement international mais aussi sa diversification dans la lunetterie ou l'habillement.

D’après des documents que Reuters s'est procuré, l'introduction en Bourse rapportera au minimum 585 à 681 millions d'euros. Moncler avait abandonné en 2011 un premier projet d'introduction en Bourse, préférant céder 45 pour cent de son capital à la société d'investissement française Eurazeo. L'opération l'avait alors valorisé 1,2 milliard d'euros. Les ventes de Moncler ont progressé de 17,5 pour cent sur les neuf premiers mois de l'année, à 389 millions d'euros. En se cotant à Milan, Moncler espère un succès comparable à celui de Ferragamo, dont le cours a plus que triplé depuis ses débuts en 2011. Le spécialiste italien du cachemire Bruno Cucinelli a fait encore mieux, son cours ayant été lui aussi multiplié par trois, en 17 mois seulement.