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Montebourg s’adresse à la filière du cuir

By FashionUnited

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Le ministre du redressement productif a inauguré le salon du Cuir à Paris qui vient de se dérouler à Villepinte. Le salon fait partie du regroupement de six salons réunis sous le label Première Vision qui présente l’offre la plus vaste du monde de

fournitures pour l’habillement, la maroquinerie et la chaussure.

Le
ministre est allé à la rencontre de quelques-uns des 400 exposants du salon, tanneurs, fourreurs mais aussi fournisseurs de produits chimiques et en a profité pour rencontrer les présidents du conseil national du cuir, une confédération de 19 fédérations et d’organisations professionnelles (de la production, de la transformation, de la fabrication et de la distribution) et les représentants du CTC qui est le comité professionnel assurant le rôle de centre technique de la filière pour la normalisation mais aussi l’innovation, la formation la prospective et la promotions des entreprises de la filière cuir.

Il n’est peut-être pas inutile de rappeler tout d’abord que la filière cuir française, c’est 8000 entreprises, 15 milliards d’euros de chiffre d’affaires dont la moitié vient de l’exportation, et 70000 salariés. La France est le premier producteur mondial des cuirs finis de veau mais aussi et c’est plus surprenant, des cuirs exotiques comme le crocodile, l’iguane, l’autruche. La France est le troisième pays exportateur mondial de cuir brut.

Les premiers échanges entre le ministre et les représentants des filière ont donc tout naturellement porté sur la question centrale de la production du cuir français de qualité. La filière est confrontée à des difficultés d’approvisionnements en peaux de veaux en raison de la baisse de la consommation de la viande ( -4 pour cent par an) et la présence forte de la teigne qui dégrade la qualité de la peau et la rend impropre à la fabrication. Seules 10 pour cent des peaux achetées aux éleveurs français peuvent être transformées en cuir de qualité. Le CNC recommande la vaccination obligatoire de la teigne à teigne à l’ensemble du cheptel qui permettrait de faire passer les peaux de qualité de 10 à 30 pour cent du cheptel. Une obligation à laquelle Arnaud Montebourg n'est pas favorable.

« Nous ne considérons pas judicieux de rendre la vaccination obligatoire : ce serait trop couteux pour l’économie et par ailleurs il n’y a pas la justification vétérinaire, insiste le ministre qui prône une autre méthode. Beaucoup de nos éleveurs doivent comprendre qu’ils peuvent valoriser leur travail : en Seine et Loire, nous expérimentons des contrats collectifs à participation volontaire : ce sont des accords entre les tanneurs et les éleveurs où nous ne retirons pas de valeur aux abatteurs puisque nous partageons la valeur gagnée à produire de la peau de bonne qualité sur le sol français ».

Arnaud Montebourg en profite pour insister sur l’importance de la nécessaire solidarité et coopération qui doivent exister entre l’ensemble des maillons de la chaine. « Une filière solidaire capable de se renvoyer l’ascenseur, capable d’organiser une solidité collective, dit-il. Notre choix est d’exporter plutôt des produits manufacturés que des produits bruts, pour laisser de la valeur sur notre territoire et exporter plus cher, une qualité plus élevée, qui rapporte davantage à l’économie française. Dans l’industrie de la chaussure, nous avons perdu des savoir-faire : nous demandons à la profession des propositions sur la formation dans un certain nombre de métiers.

Et de rappeler que son homologue italien Flavio Zanonato, qui fut également maire de Padoue, l’a invité à venir visiter des usines italiennes formidables en juillet dernier. « Là-bas les présidents des diverses fédérations nous ont expliqué comment ils avaient maintenu des écosystèmes avec de la solidarité. Les français sont trop divisés, les nations qui nous font concurrence sont très organisées. A nous de reconstituer ces écosystèmes. Je vais demander aux grands groupes et notamment aux grands donneurs d’ordres de nous y aider. J’ai visité une usine de souliers Vuitton absolument extraordinaire toute neuve à Padoue. Je leur ai dit : faite la même en France ! Ce n’est pas une question de prix, c’est une question de savoir-faire. Le seul argument de ces marques c’est il n’y a plus ces savoir-faire sur le sol français. Ce sera ça notre combat, notre travail. A Cholet, à Romans, peu importe, il faut reconstituer ces écosystèmes les pouvoirs publics vous soutiendront.


La mondialisation déloyale

Le journal du cuir interpelle le ministre sur la mondialisation déloyal : « les produits que nous exportons sont taxés alors que l’Europe laisse entrer les produits fabriqués hors Europe sans aucun contrôle. Nos tanneurs par exemple ont des obligations sur l’utilisation d’un certain nombre de produits, sur la qualité de l’environnement. Alors que ces contrôles ne sont pas imposés à la Chine. Pourquoi n’y a-t-il pas de réciprocité ? Les mêmes obligations en Chine qu’en Europe ? » Du pain béni pour Arnaud Montebourg dont on connait la farouche opposition au président de la commission européenne dont il ne prononcera pas une seule fois le nom cependant. « le ton monte à Bruxelles concernant l’absence de réciprocité, assure t’il. On nous taxe et nous on laisse faire. C’est un thème qui monte dans les peuples européens contre la commission européenne. Des résultats ont été obtenus dans la porcelaine, la céramique, les aciers spéciaux, les équipements de télécommunications. Les résultats n’ont pas été à la hauteur en ce qui concerne le photovoltaïque car les allemands sont allés négocier séparément. Je souhaite que les industriels et les fédérations professionnelles arrivent à trouver un point d’unité avec les italiens, les espagnols et plus spécialement avec le patronat allemand, pour avoir une position commune sur la réciprocité. »

On se rappelle de deux exemples de produits en cuir fabriqués hors Europe et qui avaient provoqué des accidents : une personne s’est brulée les jambes sur un fauteuil en cuir fabriquée en chine et une femme s’est ensuite brulée les mollets dans des bottes en cuir fabriquées hors Europe. Le ministre boit du petit lait : « la commission européenne est excessivement libérale, elle fixe des réglementations pour la zone européenne, et pour les producteurs européens, mais ne les fait pas respecter aux frontières. Ils sont libre-échangistes. Ces idées complètement libérales datant de 50 ans ne sont plus d’actualité aujourd’hui vu la montée des émergents, la montée de la mondialisation déloyale et des comportements de dumping contre lesquels nous devons nous prémunir. Les USA, le Brésil, l’Argentine, le Canada le font. Les seuls qui ne le font pas, ce sont les européens. C’est un combat politique. »

Sur la question de l’euro fort. Comment être compétitif avec un dollars à 1,35 alors que sa valeur économique se situe autour de 1,20 ? L’euro surévalué est dans ce cas un handicap terrible qui ruine nos efforts de productivité. L’Europe ne peut être la seule économie au monde qui ne fasse pas de sa monnaie un outil de développement économique. « C’est un problème structurel de la construction européenne, indique le ministre. La banque centrale européenne ne défend pas une parité contrairement aux autres pays qui utilisent la parité comme outil d’exportations, de gestion de leurs déséquilibres commerciaux. Nous avons à se battre. Au-delà de 1,25 nous mettons nos entreprises en difficultés : 10 centimes d’appréciation de l’euro, c’est un milliard de CA en moins pour airbus par exemple. Je souhaiterai que le patronat français aille parler au patronat des autres pays européens. Dans votre filière, le Medef devrait exprimer un certain nombre de choses à la banque centrale européenne. »


Formation professionnelle et apprentissage

Le CTC interpelle le ministre sur l’apprentissage : « Sur la formation professionnelle, nous travaillons dans le même sens. Mais en ce qui concerne l’apprentissage qui dépend de la rue de Grenelle, une institution avec qui il est plus difficile de travailler, le ministère du redressement productif devrait être à nos côtés dans les débats sur l’amélioration de l’apprentissage, à la fois dans l’image que les jeunes lycéens s’en font et dans la façon dont elle est mise en œuvre. Des institutions privées se débrouillent bien mais en dépit du fait que les entreprises accueillent beaucoup d’apprentis, nous constatons que l’apprenti formé a beaucoup de mal à s’intégrer dans la production. C’est un problème qui dépasse la simple mesure technique, car il concerne la structure même de l’apprentissage : l’industrie doit être beaucoup plus engagée qu’elle ne l’est actuellement vis-à-vis du ministère de l’éducation nationale. »

Arnaurd Montebourg confirme que le premier ministre réunira pour la première fois un conseil éducation-économie qui unira l’industrie, le monde productif, et le secteur éducatif pour commencer à construire des relations plus fortes : faire entrer l’entreprise dans l’éducation et faire entrer l’éducation dans l’économie. Il rappelle aussi ses initiatives personnelles dans ce domaine« Le dispositif transfert financé par le ministère du redressement national vient d’être mener dans cinq régions ouest de la France. Ce dispositif associe Pole emploi, les entreprises, les fédérations, les centres de formations des textiles-mode-cuir et vise à sélectionner, recruter et former 300 personnes assurant le transfert de savoir-faire au sein même de l’entreprise en mettant en œuvre des systèmes de formations personnalisées et permettant d’assurer l’évolution des carrières. Ce dispositif a beaucoup plus à d’autres filières qui s’apprêtent à le mettre en œuvre et à le dupliquer. »



Vaccination obligatoire contre la teigne ?

Sur le vaccin de la teigne, le CNC insiste. Le ministre répète : « L’état veut une stratégie fondée sur la participation volontaire. Nous ne prendrons pas de décision vétérinaire uniforme qui augmenterait les couts de productions de la viande puisque le secteur de la viande est en difficulté. Nous souhaitons au contraire trouver une solution qui permette de valoriser l’effort de la qualité de la peau que l’éleveur accomplit et donc de le rémunérer directement même si la peau appartient à l’abatteur, il faut qu’on trouve un accord à trois les tanneurs, les éleveurs avec les abatteurs qui ne doivent pas considérer que c’est une perte de valeur pour eux ; c’est une stratégie sur la base de communautés de participations »

Comme pour élarger le débat et diluer la focalisation sur le vaccin, Il finit par dire : « Au-delà de la question du vaccin, c’est toute la question du soin à l’animal qui est soulevé, la précaution à la peau, c’est la fin des barbelés, la préférence pour le bocage, tout cela suppose une rémunération de l’éleveur. Et pas seulement une obligation de vaccin. C’est le vaccin plus une attitude différente vis-à-vis de la peau. Ça suppose des contrats passés entre les éleveurs et la filière. Il faut un terrain d’entente entre les éleveurs et les tanneurs. La discussion commencera le 24 septembre. »

Hervé Dewintre
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