Depuis plusieurs saisons, la couleur déferle sur les podiums : tons arc en ciel, teintes survitaminées et imprimés bariolés... Mardi à Paris, les essais chromatiques furent au coeur des préoccupations de Nana Aganovich, styliste anglaise
d'origine bosniaque... Présentée mardi 1er mars à Paris, la cinquième collection de cette créatrice est exclusivement bleue. Lys, cobalt, azur, outremer, ciel… Que du bleu ! Sur le podium les nuances et effets se multiplient : chaque tissu en effet absorbe de manière différente et singulière le même pigment.
" C
e que nous dévoile alors les essais chromatiques sur les soies, velours, denims, satins ou sur la maille cette saison, c’est la possibilité de teintes inédites, l’existence dans notre monde d’un endroit secret, au milieu de nulle part, qui doit certainement renfermer encore des bleus inexpérimentés. Dans cet univers de tons non définis de contours, surgissent les multiples pièces d’un puzzle vestimentaire que la composition stylistique de chacun aura la charge d’assembler ", explique la maison Aganovich dans un communiqué.
Sur le vêtement (31 modèles sont présentés), le bleu est effectivement le représentant d’un monde de teintes réelles, mais il est
continuellement dans l’entre-deux : une tonalité spécifique, mais jamais celle que l’on attendait. Le coloriste retransmet ainsi une
somme réflexive de connaissances, mais dit aussi que tout peut exister au-delà de ce qu’on aperçoit car les échelles varient.
Les différents sens que portait le bleu depuis l’Antiquité ont d’ailleurs fait l’objet de bien diverses évolutions : teinte olympienne ou divine, couleur satanique puis virginal, le bleu est le drapeau de la royauté avant d’être celui de la République et celui du travail chez les ouvriers dès le XIXe siècle.
Naviguant dans cet océan de bleus, pour l'hiver prochain Aganovich postule un système équivalent dont la finalité n’est pas connue
d’avance.
Photo: Aganovich