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Ottavio Missoni est mort

By FashionUnited

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Le couturier italien Ottavio Missoni, cofondateur de la maison de couture du même nom, est mort ce jeudi à l'âge de 92 ans a indiqué sa famille. Avec lui, c’est un pan de l’histoire de la mode italienne qui disparaît.



Nous sommes en 1953. Ottavio (« Tai ») et son épouse Rosita Jemini ont mis en place un petit atelier de tricot à Gallarate, non loin du village natale de Rosita. Cet atelier fut le socle de ce qui va devenir un puissant groupe familial dont le nom et la gloire vont se prolonger jusqu’à nous. Rosita est la fille d'une famille de fabricants de châles en Golasecca dans la province de Varese. Ottavio est le fils d’un capitaine de la marine, sa mère est Terasa de Vidovich, comtesse di Capocesto e Ragosniza, une noble dalmate.

L’activité
se développa petit à petit : ils commencèrent par collaborer avec la boutique de la styliste Biki à Milan. Un début décisif car le directeur de la boutique Louis de Hidalgo devint le responsable mode de la Rinascente (un grand magasin de renom) et proposa aux Missoni de continuer à collaborer avec lui. Une proposition qui, en 1958, permit au couple de présenter leur première collection portant l’étiquette Missoni. L’entreprise prospéra rapidement avec le soutien notable de la légendaire Anna Piaggi et de son mari le photographe Alfa Castaldi. Une robe chemise à rayures parue dans les pages du Corriere Della Sera permit notamment aux italiennes de toute la péninsule de découvrir cette mode colorée qui fera la renommée de la marque.

Ottavio Missoni se tailla rapidement une solide réputation d’innovateur. En changeant de laboratoire de production, les Missoni découvrirent les machines Rachel, traditionnellement utilisées pour la réalisation de châles, et les employèrent pour créer des robes légères et colorées. Ils expérimentèrent également le rayon-viscose, qui devint l'une de leurs fibres préférées; ils frappèrent également les esprits par leur utilisation libérale de la laine, du coton, du lin, de la rayonne et de la soie.

Aidée
par les vifs succès de leur premier défilé au théâtre Gerolamo de Milan en 1966, la réputation des Missoni devint vite internationale. Le Elle français leur dédia sa Une, le Woman's Wear Daily leur consacra un long article puis ils côtoyèrent Diana Vreeland, la rédactrice en chef du Vogue USA qui les introduisit auprès d'un public de professionnels américains. C’est ainsi qu’en 1970, Marvin Taub, Président chez Bloomingdale's, décida d'inaugurer une boutique Missoni, la première aux États-Unis. La presse et le public américain furent conquis par cette mode où s’épanouissait une multitude de motifs, comme les rayures ou les floraux abstraits, dans un kaléidoscope de couleurs.

A partir de 1973, le couple étendit son talent dans d’autres domaines que le prêt à porter féminin. Le linge de maison tout d’abord, produit aux USA par Fieldcrest, puis le tissu d’ameublement (une collaboration avec Saporiti Italia). Les créations d’Ottavio, dont les intérêts s’éloignèrent progressivement de la mode furent apparentées à des œuvres artistiques et de nombreuses galeries d’art les invitèrent à exposer. En 1979, une première collection masculine vit le jour, et le couple s’engagea dans une collaboration avec Fiat pour concevoir des intérieurs de voitures.

L’époque des licences commença alors. Avec Marzotto, Safilo et Malerba. Avec T&J Vestor de Golasecca également, c’est la société appartenant aux grands parents de Rosita. Ils produisirent ensemble une nouvelle ligne de tissus d'ameublement de la griffe, puis des collections de Tapis et de Linge de Maison. C’est aussi à cette époque que les Missoni conçurent des costumes pour La Scala.

Dans les années 90, Rosita admit elle aussi qu’elle avait perdu son intérêt pour la mode avant de passer, en 1997, le relais de la direction artistique à Angela, troisième de la fratrie.

Si on ne compte plus les récompenses dont furent primés les Missoni au cours de leur carrière, il faut noter, parmi les dates importantes l’inauguration dans les années 2000 de la boutique parisienne rue du Fauboug Saint Honoré, la collection Missoni Home présentée à New York, la ligne Missoni Sport produite à Sumirago, la fragrance « Missoni » dévoilée par Esthée Lauder et dont l’égérie est Margherita, la petite fille des fondateurs et enfin la chaîne hotelière Missoni conçue en collaboration avec l’architecte Matteo Thun, grâce à un accord avec Rezidor Hotel Group.

2013 fut une date sombre pour les Missoni, avec le drame qui frappa la famille après que l'avion transportant leur fils aîné Vittorio, le directeur général marketing de la maison, et son épouse, se soit abîmé en mer au large du Venezuela.

Dans une autre vie, Ottavio Missoni, né en 1921 à Dubrovnik, fut un athlète international avant la seconde guerre mondiale. Il passa la majeure partie du conflit comme prisonnier de guerre en Egypte. En 1948, aux jeux olympiques de Londres, il fut qualifié pour la finale de la course du 400 mètres. L’équipe italienne avait déjà adopté ses survêtements conçus dans son atelier avec son ami Giorgio Oberweger. C’est à Wembley qu’il rencontra d’ailleurs Rosita pour la première fois. Un destin sous le signe de l’énergie.

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