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Samaritaine : la façade ultramoderne fait jaser

By FashionUnited

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« On trouve tout à la Samaritaine ». Quel parisien n’a pas entendu ce slogan qui résumait la philosophie de ce « grand magasin de nouveautés », chef d’œuvre d’Art Déco, conçu par Henri Sauvage. Toutes les couches sociales se retrouvaient

et se mêlaient dans ces immeubles immenses situés entre la Seine et la rue de Rivoli. Officiellement fermé pour cause de délabrement en 2005, cette figure mythique, inaugurée en 1870, propriété de LVMH depuis douze ans, peine à renaître. Combien de temps va-t-elle rester une vaste friche de 80.000 m² ? D’abord prévue en 2014, repoussé ensuite à 2015, l’ouverture du nouvel ensemble ne devrait pas voir le jour avant 2016 désormais. La cause : une façade ultramoderne qui déplaît à deux associations.

"aujourd'hui c'est plutôt 2016-2017"

"Les
deux permis de construire que nous avons obtenus en décembre de la mairie de Paris pour le projet ont été attaqués. Il y a des recours et on ne sait pas combien de temps cela prendra", a déclaré Olivier Lefebvre, directeur des opérations hôtelières de LVMH. "Officiellement, l'ouverture est prévue pour 2015, mais en fait aujourd'hui c'est plutôt 2016-2017", a-t-il ajouté.

La phase de chantier et de construction, estimée à 27 mois, devait démarrer début 2013. Deux permis de construire venaient d’être validés par la mairie de Paris le 17 décembre dernier. Jacques Guiony, PDG de la Samaritaine et directeur financier du groupe LVMH était optimiste. Dans quelques jours, 1200 personnes devaient s’activer dans les étages, parmi lesquelles des artisans d'art: céramistes, tailleurs de pierre, ferronniers ou encore sculpteurs. À terme, devait surgir de terre un hôtel de luxe Cheval Blanc de 72 chambres, toutes avec vue plongeante sur la Seine, un restaurant avec terrasse, 20.000 m² de bureaux, 96 logements sociaux permettant d'accueillir 250 habitants, 26.400 m2 de commerces et une crèche de 60 berceaux, 2000 emplois au moins, le tout dans des bâtiments dont l'architecture mêlerait art classique, Art nouveau et Art déco. Un projet estimé à 460 millions d'euros et financé intégralement par LVMH.

Seulement voilà : la Samaritaine, en plus d’être une figure du paysage affectif du parisien, est aussi un site très complexe où l’on se heurte constamment à la confrontation entre vérité historique et mise aux normes de sécurité actuelles. C’est aussi une confrontation à des forces imprévisibles, même pour un ensemble aussi puissant que LVMH.

« Non-conformité avec les règles d’urbanisme »

Trois jours avant le début des travaux, deux associations de sauvegarde du patrimoine - la Société pour la protection des paysages et de l'esthétique de la France (SPPEF) et SOS Paris, épaulées par deux riverains - ont déposé au tribunal administratif de Paris un recours contre les deux permis de construire délivrés par la Ville. Ce recours est suspensif ; il s'ajoute à un autre, gracieux, déposé par l'association Accomplir, qui avait déjà ferraillé contre la Ville sur la rénovation du quartier des halles.

Ces recours mettent en avant la non-conformité avec les règles d'urbanisme des deux permis de construire. Les dossiers pour l'ancienne Samaritaine et le bâtiment adjacent, bordé par les rues Baillet, de la Monnaie, de l'Arbre-Sec et de Rivoli, seraient formellement incomplets. Ça c’est la version officielle. Mais qu’on ne s’y trompe pas. Ce qui inquiète avant tout les requérants, c’est l’intégrité de l’urbanisme parisien dans un quartier qui remonte au Moyen Age.

En effet, en plus de la Samaritaine, LVMH a acquis un pâté de maisons anciennes -dont une de la fin du XVIIe et une datant de Louis XV- qui devrait être partiellement rasé pour céder la place à un bâtiment moderne, conçu par l'agence d'architecture Sanaa.

« un rideau de douche »

Pour l’association Accomplir, LVMH a mis en avant la restauration historique coté Seine pour « mieux faire passer la pilule de l'opération ultramoderne côté Rivoli». Le nouvel ensemble devraient en effet afficher rue de Rivoli une façade transparente en verre sérigraphié. « Un geste architectural symbole d’une capitale moderne » pour le groupe LVMH, un « rideau de douche » pour les opposants.

Les associations soulignent que le nouveau bâtiment sera construit dans le «site inscrit» de Paris: il doit donc obéir à une esthétique propre au quartier. De plus, il ne doit pas dénaturer les abords des monuments historiques qui l'entourent. On en est loin pour l’instant.

Une chose est sure, si Lvmh ne sait pas combien de temps prendra l’examen des recours, et si la ville de Paris n’est pas en mesure actuellement de faire des commentaires, ce projet pourrait se heurter prochainement à la justice, si cette dernière considère les recours comme recevables.
cheval blanc
Jacques Guiony
LVMH
Olivier Lefebvre
SAMARITAINE