Tom Ford et Paris: la guerre est finie?
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La colère du patron de LVMH fut légendaire. Non seulement le duo Ford et De Sole montèrent un coup qui permit à PPR de devenir majoritaire chez Gucci en rachetant 40 pour cent des actions, mais en plus, Artemis, la holding de Pinault, réussit à acquérir le pôle beauté de Sanofi - dans lequel figure la prestigieuse maison de couture d’Yves Saint Laurent - pour le revendre aussitôt à Gucci. Pinault jubile : il a réussi à construire les bases de son groupe de luxe grâce à Tom Ford qui en profite pour lui conseiller d’embaucher Nicolas Gesquière dont il est un fan absolu. On ne s’en rappelle plus aujourd’hui, mais si Balenciaga est entré dans le giron de PPR, c’est aussi grâce à Tom Ford.
L’autre ennemi du créateur texan, c’est Pierre Bergé, ou plus précisément Bergé et Yves Saint Laurent. Tom Ford et Domenico de Sole, en échappant à LVMH, ont négocié avec Pinault pour garder le pouvoir de décision et gérer ce qui va devenir le Gucci Group auquel Saint Laurent appartient désormais. Tom Ford en profite pour devenir « directeur du pôle Création et Communication de Yves Saint Laurent Couture», sous la responsabilité de Domenico de Sole l'ancien avocat. La déficitaire haute couture est séparée et restera sous la direction du tandem Pierre Bergé - Yves Saint Laurent jusqu’en 2002, tandis qu’ Yves Saint Laurent Couture, c’est à dire le prêt-à-porter de luxe et les accessoires, est sous la main mise de Tom Ford.
Ce qui devait être un couronnement impérial sera en fait le début de la fin du règne de l’américain.
Sa première boutique parisienne n’ouvre qu’en 2012 parce qu’il cherchait l’endroit parfait. |
Retour aux Etats-Unis
Son aura médiatique, cependant, n’est plus la même que dans les années 90 même si, en 2011, il est classé comme étant la 28e personne la plus influente du monde par le Time. En fait il a choisi de revenir petit à petit et de faire monter le désir lentement mais surement. En avril 2007, son premier flagship indépendant ouvre à New York, au 845 Madison Avenue à l’occasion du lancement de la collection homme et accessoires signée Tom Ford. En septembre 2010, il présente sa première collection femme devant seulement 100 personnes dans la boutique de Madison Avenue, mais aucun photographe. Aujourd’hui il existe 67 points de ventes et boutiques Tom Ford un peu partout dans le monde que ce soit à New York, Toronto, Zurich, Milan, Moscou, Osaka, Bakou, Dubaï, Tokyo ou Séoul. Sa première boutique parisienne n’ouvre qu’en 2012 parce qu’il cherchait l’endroit parfait.
S’il vit la plupart du temps à Londres, ville qu’il aime, avec Richard Buckley, son compagnon depuis vingt-cinq ans et avec son tout jeune fils Alexandre John Buckley-Ford, Tom Ford était bien dans les esprits, malgré tout, lors de cette fashion week. Ce vendredi 1er mars, l’inauguration de la deuxième boutique Tom Ford, en partenariat avec Simon Ibgui de l’entreprise VSI, est l’endroit où il faut être. 300 invités de choix se pressent au 378 rue Saint-Honoré pour découvrir ce nouveau lieu conçu par Tom Ford lui-même et Bill Sofield, son collaborateur de longue date. L’ambiance est festive mais la presse et les personnalités comme Carine Roitfeld, Anna Dello Russo, Suzy Menkes, Carlyne Cerf ou encore Hamish Bowles, qui sont venus rendre visite avec un plaisir évident à la dernière fantaisie du texan, savent que dans la mode, comme dans la politique, on est jamais mort et que Paris pourrait peut-être un jour avoir de nouveau besoin des services de l'américain.
Herve Dewintre