Nominations à la tête de Lacoste

Le groupe Lacoste a annoncé aujourd’hui la nomination de Didier Maus

comme président d'un conseil d'administration renouvelé et l'arrivée comme directeur général de Jose Luis Duran. Celui-ci conserve également son poste de directeur général de Devanlay, filiale du groupe suisse Maus, qui a fait l’acquisition (début novembre) de la totalité du capital de la société.

Incapable de s’accorder, les membres de la famille Lacoste, dominés par un conflit profond entre Sophie Lacoste Dournel et son père Michel Lacoste, avaient cédé l’entreprise familiale pour plus d’un milliard d’euros au groupe suisse qui possédait déjà 35 pour cent de la marque au crocodile.

La société Devanlay, franchisé historique pour le prêt-à-porter de Lacoste est intégrée depuis 1998 au groupe Maus. C’est donc un acquéreur qui connait parfaitement bien la maison.

Le nouveau conseil d'administration comporte deux membres de la famille Lacoste : Sophie Lacoste Dournel - ex-présidente du conseil d'administration, en conflit ouvert avec son père Michel – et Beryl Lacoste Hamilton, petite fille elle aussi de René Lacoste, et allié de Michel, son oncle. Le nouveau conseil comprend sept membres, dont Didier Maus et Pierre-André Maus

Ces nominations sont effectives depuis le 21 décembre date à laquelle le conseil d'administration de Lacoste a entériné "la signature définitive de la cession de la société Lacoste SA au Groupe Maus, dans son intégralité", indique la marque dans un communiqué.

"La cession de Lacoste SA au Groupe Maus est une nouvelle étape dans le développement de la marque Lacoste, et permettra un lien plus fort entre la gestion de la marque (coordination des licences, vision stratégique et protection de la marque) et les opérations de production et de distribution", explique le communiqué.

« Une décision très douloureuse et difficile »

Sophie Lacoste-Dournel, présidente du conseil d'administration de l'entreprise depuis le 24 septembre 2012, avait annoncé lors d’une conférence de presse le 7 novembre dernier, en présence des 140 salariés de l’entreprise ce qu’elle qualifiait de décision «très douloureuse et difficile».

Pendant trois ans, elle s’était battue avec son père Michel Lacoste au point de l’évincer de la direction lors d’une assemblée générale et d’un conseil d’administration houleux où elle avait été élue avec 6 voix sur 11. Certains administrateurs indépendants comme Franck Riboud, PDG de Danone, Patrick Thomas, cogérant d'Hermès, et Micheline Kaufmann, ancienne de Chanel s’était pourtant opposés à sa candidature. Mais le vote de Loïc Armand, président de L'Oréal France, nommé administrateur à la place de Michel Lacoste le jour même, avait joué en la faveur de Sophie Lacoste-Dourmel.

Michel Lacoste, un des quatre enfants de René, avait pris en 2005 la présidence non exécutive de Lacoste, suite au décès de son grand frère Bernard, PDG pendant trente-cinq ans. En représailles, l’ex président avait cédé ses actions au groupe Maus qui devenait grâce à ces 30 pour cent de capital supplémentaire, actionnaire majoritaire, signant ainsi la fin de 80 ans d’héritage familial.

100 pour cent des ventes de Lacoste étaient jusqu’à maintenant réalisées par sept partenaires, qui versaient ensuite des royalties. L’un de ces sept partenaires, Devanlay, réalisait plus de 60 % des ventes de la marque et exploitait la moitié des 1200 boutiques dans le monde. C’est en grande partie grâce à Devanlay que le crocodile a retrouvé son mordant : les ventes de Lacoste avaient bondi de 11 pour cent en 2011, à 1,6 milliard d'euros. Soit la meilleure performance de l'histoire de la marque. Les raisons du succès : rénovation des boutiques qui présentent désormais l’intégralité de l’offre, meilleure segmentation : moins sportwear mais plus jeune et branchée et une ligne nouvelle baptisée Lacoste Live qui a rencontré le succès. La fin de ce sordide embrouillamini familial ne devrait donc pas affecter la marque, bien au contraire. Le chiffre d'affaires de Lacoste SA est estimé à 140 millions d'euros.