Être influençeuse mode en Afrique : le cas de la Côte d'Ivoire
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Abidjan - En 2022, être influenceur est devenu un métier à part entière, que certains exercent à temps plein. Même si le mot « influenceur » n’est apparu dans les dictionnaires Larousse et Robert qu’en 2017, l’activité existe depuis plusieurs années. Elle a su évoluer et s’adapter à l’ère du temps.
En France, comme dans la plupart des pays occidentaux, les influenceurs sont nombreux. Ils travaillent directement avec les marques ou collaborent avec des agences spécialisées. 6 000 kilomètres plus loin, en Côte d’Ivoire, le phénomène est encore à ses débuts, les marques s'intéressent de plus en plus à ces influenceurs et y voient un nouveau moyen de communication, permettant de toucher un autre public. « Le marché ivoirien des influenceurs est en pleine expansion et c’est une bonne chose. Nous sommes à une ère où le digital a pris toute sa place, on ne peut pas imaginer une campagne sans passer par le numérique car il y a de nombreux avantages », explique à FashionUnited, Anicette Yebouet, directrice de l’agence Totem Communication, basée à Abidjan. Elle estime cependant qu’il y a encore des efforts à faire pour que cette activité puisse décoller dans le pays : « le secteur gagnerait à se professionnaliser. C’est ainsi que les prestataires pourront considérer cette activité et cela impactera forcément les tarifs ».
Une professionnalisation sur laquelle travaillent ces influenceurs pour faire évoluer cette activité dans le pays. En fonction du nombre d’abonnés et du taux d’engagement de la communauté, celle-ci peut être très lucrative, quel que soit le domaine : culture, sport, maquillage ou mode ». Découverte de quatre influençeuses mode ivoiriennes
Germinous (10,7k sur Instragram)
À 27 ans, Aïda Germina Kramo est étudiante à l’école nationale d’administration (ENA). Il y a quatre ans, elle se lance dans cette activité pour partager sa passion pour la mode : « C’est une connaissance qui m'a poussée à me lancer. Il me trouvait élégante, distinguée et charismatique. Il était persuadé que je pouvais devenir “une star”, il me disait toujours que j’avais un potentiel inexploité », confie-t-elle à FashionUnited. « Pour moi, une influençeuse est un peu comme un guide, celle qui donne de bons conseils, qui fait des retours d’expérience. C’est une personne qu’on ne connaît pas forcément mais à qui on peut s’identifier, en qui on a confiance et aussi à qui on voudrait ressembler, la bonne copine, tout simplement! Et grâce à cette confiance qu’on lui confère, on se laisse tenter en achetant ce qu’elle nous propose au quotidien ».
Elle organise son activité en parallèle de ses études : « J’ai un planning avec des thématiques sur le mois pour avoir un maximum de contenu, j’organise mes shootings et mes vidéos. Je contacte des partenaires et des établissements pour qu’ils puissent accueillir mes shootings. Être influenceuse mode en Côte d’Ivoire, dans mon cas pour le moment, ce n’est pas rentable ! Je peux gagner entre 150 000 et 200 000 Francs CFA pour un shooting photo (soit entre 228 et 304 euros) et 250 000 à 300 000 Francs CFA pour une vidéo (soit entre 381 et 457 euros). Les marques n’ont pas conscience que c’est un métier qui nécessite une rémunération et sont beaucoup plus portées sur des échanges de produits. Les entreprises disent souvent qu’elles n’ont pas d’argent pour payer le cachet des influenceurs. Cependant, avec l’essor des blogueuses occidentales et leur impact sur les marques, les mentalités africaines changent, je remarque une amélioration dans le comportement des marques ».
Fantastyck (16,3k sur Instagram)
Fanta Koné, connue aussi sous le pseudo « Fantasktyck » ne se définit pas comme une influençeuse : « Avant nous étions des blogueuses mode mais maintenant on nous appelle influençeuses. Je me considère comme créatrice de contenu, c'est ce thème qui me convient », analyse-t-elle. « Je me suis lancée dans tout ce qui est digital, blogging, lorsque j'étais mannequin. J'ai fait des études dans l’informatique donc j’ai voulu associer mes passions en donnant de la visibilité à tout ce qui se faisait dans le domaine de la mode en Côte d'Ivoire et en Afrique ».
Au fil des années, elle observe une évolution dans le secteur : « Les marques nous contactent de plus en plus ou alors les agences de communication. Avant, les influenceurs et blogueurs comme moi allaient vers les stylistes ou les marques. Mais aujourd'hui, le marketing d'influence a fait ses preuves. Souvent ça coûte moins cher et c'est plus rentable pour le résultat qu'on veut atteindre. Même si le marché du marketing en Afrique francophone, précisément en Côte d'Ivoire n'est pas encore mature pour être au niveau du Nigeria ou de l'Afrique du Sud, beaucoup de marques invitent et collaborent avec les influenceurs. Il suffit d'ouvrir Instagram pour le constater ! ».
Amenan Tanoh (9k sur Instagram)
C’est en 2012 qu’Amenan Tanoh se lance sur les réseaux sociaux avec un blog mode puis un magazine mode « Fall In Mode ». « Je suis passée de blogueuse à créatrice de contenu, mes activités ont évolué et maintenant, je suis influençeuse même si c'est un terme qui ne me convient pas. J'ai toujours été passionnée de mode, beauté, lecture, écriture et c'est ce qui m’a poussé à créer un blog. Je ne pensais pas que l'activité évoluerait de cette manière quand j'ai commencé », raconte-t-elle. « Je considère cette activité comme une passion, je n’ai pas l’impression que cela me prend beaucoup du temps. Je m’organise sur mon temps libre parce que je ne le fais pas à temps plein. On ne peut pas vivre que de ça mais c’est assez bien pour arrondir ses fins de mois. Dans mon cas, c’est assez rentable et je ne me plains pas. Je trouve même qu’en Côte d’Ivoire, les influenceurs sont assez respectés par les marques même s’il y en a qui sont réticentes. Les cachets commencent à 100 000 Francs CFA (soit 152 euros) et ça peut monter au million (plus de 1500 euros). Cela dépend de ce qu'il faut faire, si c'est une story, un shoot ou une grande campagne qui s'étend sur plusieurs jours, mois, ou même si ça comporte un voyage à l'étranger. C’est en fonction du travail qu’on fixe la rémunération».