L'enseigne Naf Naf reprise par le groupe industriel Sy Corporate France
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Paris - La justice a désigné vendredi un repreneur pour l'enseigne de prêt-à-porter Naf Naf, placée en redressement judiciaire mi-mai: le groupe industriel SY, dirigé par l'homme d'affaires français d'origine turque Selçuk Yilmaz, qui a promis de "conserver 75 pour cent des emplois en France".
SY Corporate France, une filiale du groupe SY International spécialisé dans le textile et propriétaire d'usines en Turquie et au Maghreb, était en concurrence avec le groupe français Beaumanoir.
Selon la décision du tribunal de commerce de Bobigny, dont l'AFP a obtenu une copie, l'offre présentée par SY est la "mieux-disante sur la sauvegarde de l'emploi".
Dans un communiqué commun, SY et Naf Naf affirment que l'offre du groupe industriel permet "le maintien de 944 emplois, de 125 magasins et de la totalité des 75 boutiques affiliées", sur un total de 221 points de vente.
SY Corporate France, qui se présente comme un fournisseur de l'enseigne célèbre pour son "Grand Méchant Look" depuis 30 ans, s'engage à reprendre 75 pour cent des emplois de Naf Naf en France, où l'enseigne a réalisé 161 millions d'euros de chiffre d'affaires selon les documents fournis par le tribunal.
Après avoir déjà acquis l'enseigne française Sinequanone en 2019, SY entend poursuivre "sa stratégie de développement verticale visant à intégrer des enseignes de distribution à son activité première de fabrication". "L'apport de Naf Naf en son sein lui permet de maîtriser l'ensemble de la chaîne depuis la conception jusqu'à la distribution des produits", poursuit le communiqué commun.
L'offre de SY "fournit tous les gages en termes financier et industriel, en permettant d'assurer la pérennité pour l'enseigne créée en 1973", tout en étant "assortie de toutes les garanties de financement adaptées à son nouveau plan de marche", estiment les deux sociétés.
Licenciement pour 129 salariés
Le tribunal de commerce de Bobigny (Seine-Saint-Denis) avait ordonné mi-mai le placement en redressement judiciaire de Naf Naf, deux ans après son rachat par un consortium d'investisseurs mené par le groupe chinois multimarques de mode La Chapelle.
Luc Mory, président de Naf Naf, cité dans le communiqué, affirme pour sa part avoir accueilli le délibéré avec "soulagement", tout en se disant "triste pour les collaborateurs qui ne sont pas repris".
Selon la décision du tribunal, 129 salariés en CDI feraient l'objet d'un licenciement pour motifs économiques. Beaumanoir, dont le siège se trouve à Saint-Malo, proposait de conserver 704 personnes et 170 boutiques.
Le groupe breton, propriétaire entre autres de Morgan, est par ailleurs candidat à la reprise partielle de l'enseigne de chaussures et de vêtements La Halle (groupe Vivarte), elle aussi placée en redressement judiciaire. Dans un communiqué, Beaumanoir a dit prendre "acte avec regret de la décision du tribunal de commerce de Bobigny".
"En dépit d'une entreprise en fortes difficultés depuis des années", le tribunal "a choisi la continuité, avec l'équipe actuelle et son fournisseur principal", souligne le groupe breton, qui s'est dit "convaincu de la justesse de son offre qui aurait permis de redresser l'entreprise et offert une pérennité à la marque et à plus de 700 collaborateurs".
Selon M. Mory, l'offre de SY, qui avait eu les faveurs des représentants du personnel ainsi que des administrateurs judiciaires lors de l'audience du 9 juin, a su "convaincre le tribunal de commerce par le sérieux de son financement, du repreneur et de la stratégie d'intégration verticale". "Après des mois difficiles à devoir gérer la sortie du groupe Vivarte en 2018 et à subir les difficultés du Groupe La Chapelle, Naf Naf trouve enfin avec SY Corporate France un actionnaire qui permet d'envisager son avenir avec sérénité", a-t-il affirmé.
Quant à M. Yilmaz, il s'est réjoui que cette décision conduise à la création d'un "groupe totalement intégré", tout en assurant de sa "confiance" l'encadrement de Naf Naf.(AFP)
Crédit : Naf Naf Facebook.