L’IFTH met en place un outil pour vérifier la composition des textiles et accélérer la transition écologique
loading...
Traçabilité : selon le cabinet Circle Economy*, 41 % des étiquettes qui signalent la composition des vêtements sont inexactes. De quoi faire réfléchir sur le principe du déclaratif qui n’engage, finalement, que ceux qui le croient. Ou ceux qui vérifient. C’est précisément l’un des objectifs du nouveau Plateau d’Accompagnement à la Transition Environnementale du Textile et de l’Habillement (PATENTH).
Initié et piloté par l’Institut Français du Textile et de l’Habillement (IFTH), dirigé par Clarisse Perotti Reille, ce nouveau service, unique au monde, s’adresse aux textiliens, autrement dit à la filière de fabrication du tissu, du fil à son ennoblissement, français (dans un premier temps). Soit 2200 entreprises mais également à toutes les Marques qui souhaitent avoir une meilleure connaissance de leurs matières et maîtriser leurs datas.
L’idée ? Établir une corrélation entre la fabrication textile et les indicateurs d’impacts environnementaux et sanitaires pour faire évoluer les techniques de production, fil/fibre/tissus, vers des pratiques plus écologiques.
Des analyses poussées pour éviter le faux déclaratif (intentionnel ou non)
« PATENTH propose des outils et des méthodes innovantes pour évaluer, améliorer et certifier les performances environnementales des produits textiles tout au long de leur cycle de vie, explique Isabelle Ferreira, directrice scientifique adjointe de l’IFTH, sur le site de l’institut. Les objectifs du projet sont de caractériser la "valeur environnementale" des produits sur l’ensemble de la chaîne de valeur pour proposer des textiles vertueux et des solutions alternatives ». Pour ce faire, la démarche PATENTH est séquencée en deux étapes.
La première étape porte sur l’évaluation de la situation actuelle par la collecte et l’analyse des données caractérisant les matières autour de quatre déterminants : présence de substances dangereuses, mesures des rejets/émissions, évaluation de la durabilité des produits à l’usage – dont mesure du relargage de microfibres – et optimisation de la fin de vie/recyclage.
PATENTH s’appuie sur des data de caractérisation des matières : en analysant la base actuelle de données (cinq millions de lignes de résultats) ; en l’enrichissant de nouvelles informations, tant sur les caractéristiques matières que sur les process de fabrication, sur un rythme annuel minimum de 500 000 données nouvelles ; en mobilisant près de 700 entreprises sur toute la chaîne de valeur.
L’IFTH exploite les datas pour accélérer la transition verte des filières mode et textiles
La seconde étape est la définition des indicateurs et la mise en place de référentiels pertinents pour établir des normes cohérentes, définir les tests utiles pour assurer le respect des réglementations et des allégations, mais surtout permettre à la recherche le développement de nouvelles solutions pour améliorer les processus de fabrication en matière d’éco-conception et offrir un pilotage lisible aux entreprises en transformation.
Cf. le communiqué, « cette base de données permettra d’offrir une évaluation précise et fiable des matières et de fournir des recommandations adaptées aux industriels. Les industriels pourront accéder en temps réel, de manière confidentielle, à leurs résultats via l’outil numérique adossé à la base. »
Les entreprises ont la possibilité de demander des tests, dont le prix varie selon qu’il s’agit d’une analyse chimique ou d’une étude plus poussée (abrasion, durabilité, etc.). « Au bout de cinq lavages, on sait l’essentiel » , commente, pour FashionUnited, Clarisse Reille. Et d'ajouter : « Les PFAS (alkyls perfluorés et polyfluorés) sont désormais dans le collimateur de l’Agence européenne pour l’environnement et de la Commission européenne ».
Connus sous le nom de « produits chimiques éternels » (forever chemicals), les PFAS sont extrêmement persistants dans notre environnement et dans notre corps. Ils peuvent entraîner des problèmes de santé tels que des lésions hépatiques, des maladies thyroïdiennes, de l’obésité, des problèmes de fertilité et des cancers, selon l’Agence européenne pour l’environnement.
À noter que ce projet de recherche est soutenu par l’État et la Région Auvergne-Rhône-Alpes dans le cadre du Programme d’Investissements d’Avenir (PIA). Elles sont administrées par BPI France.
PATENTH est labellisé par Techtera ( pôle de compétitivité dédié à la filière textile française), et est soutenu par Unitex (organisation professionnelle régionale du textile) et ModaLYON (Fédération Mode-Habillement Régionale).
*Le ministère hollandais des Infrastructures et des Voies navigables a chargé le cabinet Circle Economy d'enquêter sur l'hypothèse selon laquelle les étiquettes apposées sur les vêtements sont inexactes. Au total, 7 749 pièces d'habillement ont été testées avec une technologie infrarouge (NIR) : 59 % des étiquettes analysées sont exactes. 21 % des étiquettes s'écartent de la composition attendue. Pour 20 % des vêtements analysés, l'écart entre la composition déclarée et le résultat est « très élevé ». Source : Circle Economy, 2020.