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Linfini : une nouvelle filature de lin va ouvrir en Bretagne

By Odile Mopin

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Linfini-Tim Muller et Xavier Denis

Le lin n’en finit pas de retisser sa filière en France. Un nouveau projet de filature est en route dans l’Hexagone, en Bretagne, près de Morlaix. Le projet est porté par deux jeunes entrepreneurs, Xavier Denis et Tim Muller, deux « communicants » associés dans les agences de communication Bow Tie Agency et Tolvek (créée en 2020 en pleine pandémie avec pour objectif d’assister les commerces de proximité).

La filature « au sec » (adaptée aux tissus techniques) implantée en plein cœur du bassin linier historique du Finistère ouvrira en septembre 2023, dans un bâtiment industriel réhabilité, sur un site de trois hectares. Elle devrait employer à ses débuts une vingtaine de personnes, dont une directrice d’usine, un responsable logistique, un cariste, 12 ouvriers et deux électromécaniciens, et un responsable de collection.

Les débouchés prévus sont d’une part la vente de fils en direct aux industriels tisseurs, comme aux artisans tisserands qui oeuvrent en France et retrouvent une certaine vigueur du fait du retour au Made in France et à l’intérêt des consommateurs pour les artisans aux savoir-faire rare. Il s’agit aussi de se développer dans le champ du conditionnement, du packaging, pour l’agro-alimentaire et le luxe.

Ce projet a déjà suscité l’intérêt de Prince de Bretagne (la marque collective des maraîchers bretons), de Maison Caulières (marque de soin pour le corps) créée à partir d’huile végétale de lin, de tisseurs. Linfini a également prévu un partenariat avec Telatex, dans les Vosges, pour tisser sur le site du tisseur certains produits avec leurs propres machines à tisser. D’autres industriels, comme la Corderie traditionnelle Palus, en Corrèze ont signé des lettres d’intention pour se fournir en lin dans la nouvelle filature. Des partenariats répondant par exemple à des besoins de conditionnements (filets à légumes en lin pour Prince de Bretagne) ou d’approvisionnements. D’autres débouchés sont envisagés dans le domaine du linge de maison.

Sensibles au Made in France, au patrimoine français, Xavier Denis et Tim Muller ont décidé pendant le premier confinement de se lancer dans l’aventure, en contribuant à la réindustrialisation dans les territoires. Fort de leurs réseaux, mais aussi de leurs convictions, les deux entrepreneurs sont allés à la rencontre des acteurs de la filière textile et lin pour monter leur projet. Dont acte : celui-ci s’inscrivant de la relance de la filière de la transformation du lin en France, a reçu l’adhésion des acteurs majeurs de ce secteur. Le groupe Velcorex, en Alsace, formera via sa filature ouverte au sein d’Emanuel Lang en 2020 la future équipe de Linfini. Safilin, qui a relancé voici deux ans la plus importante filature de lin d’Europe partagera son expertise et bonnes pratiques. Côté équipements, Schlumberger, numéro des fabricants des machines textiles à fibres longues, interviendra pour former les opérateurs sur toute la partie technique du site.

Côté financement, Linfini sera notamment soutenu par un pool d’entrepreneurs privés et un pool bancaire. L’approvisionnement en matière première bretonne sera sécurisé via des conventions de partenariats avec plusieurs agriculteurs bretons et la coopérative Terre de Lin, spécialisée dans la culture et la transformation du lin textile (15 pour cent du teillage mondial du lin).

« Le covid a été un déclencheur, souligne Xavier Denis. Nous nous sommes rendu compte que l’essentiel de ce que nous consommions venait du bout du monde alors que nos territoires portaient il n’y a pas si longtemps une grande richesse industrielle. A l’instar du Finistère Nord, où nous nous implantons, qui a une immense tradition de la production de lin et de chanvre. Nous avons pris la route, fait le tour des régions, à la rencontre de la richesse du patrimoine français. Et décider de contribuer en complément des acteurs déjà présents, à la relance de la filature française du lin ».

Une filière longtemps disparue de l’Hexagone mais actuellement en pleine renaissance : si la France, la Belgique et les Pays-Bas sont les premiers producteurs de lin au monde, la très grande majorité de leur récolte est exportée en Chine pour être filée. La structuration d’une filière industrielle répond à un besoin, à l’heure de la valorisation des circuits courts, des lois Agec (anti-gaspi) et Climat encadrant le changement de modèle de production et consommation en faveur de l’environnement. En termes de marché, les tisseurs et confectionneurs peinent également pour suivre les fortes demandes de produits en lin, tant cette plante bénéficie d’une excellente image : écologique (elle assainit les sols, est peu vorace en eau), thermorégulatrice.

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