Masques lavables Made in France : "le marché évolue"
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Paris - Les masques, il n'y a pas si longtemps denrée rare, sont devenus en quelques semaines trop nombreux: pour aider le secteur du textile à trouver des débouchés, le gouvernement vient de lancer une mission de promotion du "made in France".
Afin de soutenir la production nationale de masques lavables, le ministère de l'Economie, qui organisait lundi après-midi une réunion avec les acteurs du secteur, a lancé une mission sur le sujet, visant à "évangéliser le grand public et les grandes entreprises" sur l'intérêt d'utiliser des masques en tissu, lavables, plutôt que des masques chirurgicaux.
Bercy fait en effet valoir qu'"après une phase de forte demande, aujourd'hui le marché évolue, d'autant plus que la situation sanitaire s'est améliorée". Il s'agit donc d'aider les entreprises du secteur textile et de "pérenniser une filière française" dans l'hypothèse d'une deuxième vague ou d'autres crises sanitaires à l'avenir.
Il s'agit de l'énième rebondissement d'un feuilleton en cours depuis plusieurs mois. D'abord en manque criant, les masques s'accumulent désormais sur les rayons de certains acteurs de l'industrie textile. Depuis mi-mars, environ 450 entreprises françaises se sont converties à leur fabrication, parfois au prix d'investissements supplémentaires.
Le secteur mode et luxe a même mis en place une plateforme, "Savoir Faire Ensemble", pour mettre en relation les producteurs et les acheteurs, mais aussi les fabricants de matières premières et les confectionneurs. En tout, grâce aux efforts de la filière, plus de 25 millions de masques grand public ont pu être produits par semaine en France, selon Bercy.
Mais alors que, dans l'urgence, des commandes massives étaient passées, y compris à l'étranger, aujourd'hui "il y a 10 pour cent des entreprises qui se retrouvent avec des stocks sur les bras", a expliqué lundi la secrétaire d'Etat à l'Economie Agnès Pannier-Runacher sur RTL. Bercy a pour autant assuré qu'il ne fallait pas y voir un échec en matière de politique publique.
"Bien au contraire, je crois qu'il faut se dire que la fabrication des masques grand public a sauvé des centaines d'entreprises et des milliers d'emplois", a affirmé Mme Pannier-Runacher, cette fois sur la chaîne LCP.
Désormais, Bercy a confié une mission au groupement "Savoir Faire Ensemble", via une lettre de mission adressée à Guillaume Gibaut, le PDG du Slip Français et à Yves Dubief, le président de l'Union des industries textiles.
"Moins écologique"
L'objectif est de faire connaître auprès des acheteurs potentiels, collectivités, administrations ou entreprises, la production française de masques en tissu, qui répondent à un cahier des charges strict.
Autres intentions affichées: réduire la part des importations et faire la promotion à l'international de la production made in France. Mais aussi aider les entreprises à trouver des solutions pour résorber leurs éventuels stocks de masques.
Le masque chirurgical peut apparaître comme "plus pratique, mais il est moins écologique et moins économique", fait-on valoir à Bercy, précisant qu'utiliser les masques textiles représente aussi "une façon de soutenir le redémarrage de l'activité en France".
"Le but de cette mission est de faire comprendre au grand public, aux entreprises, aux collectivités locales qu'il y a une offre de masques de qualité, performants, fabriqués en France. Cette offre doit être privilégiée à l'achat de masques jetables importés, qui ne sont pas forcément aussi bons en terme d'écologie", explique lui aussi Guillaume Gibault, le créateur du Slip Français, contacté par l'AFP.
Il espère que d'autres initiatives vont suivre pour soutenir l'ensemble d'une filière victime de délocalisations durant des décennies. "Si on arrive à faire rencontrer l'offre et la demande sur les masques, on peut imaginer les mêmes procédés sur d'autres produits textiles", estime l'entrepreneur, "pour adresser les sujets à long terme que sont l'impact écologique ou la relocalisation".
Sur ce dernier aspect, Bercy va d'ailleurs confier une mission au président du Comité stratégique de la filière Mode/luxe sur le développement d'une filière textile française plus durable. (AFP)
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Crédit : Dada - Diane Ducasse