Mode et habillement : 30 propositions pour la relocalisation et l’emploi français
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En mai dernier, en plein confinement, Marc Pradal le Président de l’Union Françaises des Industries de la Mode et de l’Habillement (UFIMH) confiait à FashionUnited avoir lancé une commission pour plancher sur la production de proximité et la redynamisation de la filière française. Ceci dans le cadre du CSF Mode & Luxe, missionné par Bercy sur le sujet pendant la crise. Le rapport de ce groupe de travail « Relocalisation-Réindustrialisation de la filière Mode et Luxe », est bouclé. Il préconise une trentaine de mesures concrètes pour aider les entreprises françaises à relocaliser, consolider l’emploi et améliorer durablement leur compétitivité.
De fait, quatre commissions ont été constituées, autour de quatre grandes thématiques : la stratégie de la filière française et l’impact sur les coûts, l’indépendance industrielle, l’amélioration de l’outil industriel et enfin, les mesures fiscales propres à soutenir les entreprises. Objectif : faire revenir des commandes en France et « changer de paradigme » et de mode de fonctionnement après le séisme du coronavirus.
« Ces mesures qui seraient applicables à l’ensemble des entreprises du textile et de l’habillement, s’inscrivent dans une stratégie de mode durable plus large (traçabilité, écoconception, ACV, recyclage…). Il est nécessaire de tendre à une chaîne de valeur industrielle mieux équipée et plus équilibrée, innovante, privilégiant les « circuits courts », utilisant des leviers liés à la commande publique ou la fiscalité, a souligné Marc Pradal
L’impact des coûts dur la filière française
Les coûts de production du textile-habillement en France sont parmi les plus élevées au monde. Plusieurs pistes de travail sont ainsi proposées pour pallier cette faiblesse dans un secteur hyper mondialisé. Parmi elles, la plateforme collaborative « Savoir Faire Ensemble », (qui fédère à ce jour 1 300 entreprises) concrétisée pendant la crise sanitaire est mise au premier plan. Elle serait un outil privilégié pour mettre en contact de façon plus fluide et directe tisseurs et confectionneurs, mais aussi marques et distributeurs, pour supprimer des intermédiaires et permettre ainsi une amélioration des coûts de production.
En complément, l’UFIMH préconise la réalisation d’un comparateur de coût global entre produits français et produits délocalisés afin d’interpeller les entrepreneurs sur le « vrai » coût économique d’une production française. Ces efforts pourraient s’appuyer sur une campagne de communication pour sensibiliser le grand public au textile Made in France et aux entreprises hexagonales ainsi que sur la valorisation des labels « RSE » jugés trop nombreux et donc plutôt illisibles pour le consommateur lambda.
Dans ce cadre et pointé par le rapport, le « faux » Made in France, (vêtements estampillés Bleu Blanc Rouge mais fabriqués à l’étranger. La commission préconise pour ce type de produits des sanctions pour distorsion de concurrence. Vaste sujet et « véritable « serpent de mer », alors même que les critères du Made In France divergent (selon le code des douanes, les différents labels existants etc) et l’indication de l’origine n’est pas obligatoire au sein de l’UE.
Ecosystème régional
L’UFIMH prône la mise en place d’un référent « réindustrialisation » par Région, qui promouvrait auprès des entreprises locales le soutien d’un écosystème régional, pour la revitalisation des territoires. L’objet de cette mission serait notamment d’aider à multiplier et développer les groupements autour de la mode et du luxe afin de contribuer à transformer les PME à l’échelle régionale. Parmi les différents outils envisagés une cartographie interactive des industries et des savoir-faire, l’utilisation des data et l’intelligence artificielle IA. Enfin, la mise en place d’un « Grenelle » du Made in France regroupant tous les acteurs permettrait à tous de partager les axes stratégiques de la filière.
Amélioration de l’outil industriel
C’est le corollaire indispensable pour réussir une relocation partielle en attirant les marques. Qui dit production française « désirable » dit outil performant, plus compétitif, prototypage plus agile. Il est donc nécessaire, souligne l’UFIMH que la filière s’organise pour renforcer sa faiblesse. Cela passe encore une fois, par développement et la diffusion d’outils de prototypage rapides numériques innovants via un plan d’aide à l’investissement et à la formation dans les outils numériques, la robotique… Pour l’UFIMH, il y urgence, Les PME françaises étant en effet parmi les moins équipées d’Europe. Il s’agit de s’approprier des sujets d’innovants et donc à valeur ajoutée, pour l’ensemble de la filière : textiles intelligents ou fonctionnels IA, numérisation, etc.
Mesures fiscales et accompagnement financier
La filière textile-habillement demande le maintien du principe Crédit Impôt Collection, mais aussi son élargissement via le relèvement des minimis européens (500 000 euros sur trois ans actuellement). L’organisme souhaite également la mise en place d’un Crédit Impôt Production (1 000 euros par salariés) pour soutenir durablement l’emploi. Et prône enfin la « préférence nationale » dans le cadre des appels d’offres publics. Un point sensible, revendiqué depuis longtemps par les industriels textiles, mais qui se heurte au législateur, national comme européen. Les appels d’offres n’ont pas de clause de nationalité…
Crédit: UFIMH