Quel rôle joue la mode dans l’émission de microplastiques ?
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La Commission européenne a mis les microplastiques à l'ordre du jour. Quelles initiatives sont mises en place et quelles mesures sont prises pour réduire leur impact sur l'environnement ? FashionUnited tente de répondre à ces interrogations.
Qu’entend-on par le terme « microplastique », pourquoi suscitent-ils des préoccupations environnementales, notamment en matière de pollution et quel rôle joue l’industrie de la mode dans l’émission de microplastiques ?
Si vous n’avez pas le temps de lire cet article en entier, retrouvez le résumé détaillé des thématiques abordées en fin d'article.
Sommaire
- Définition du terme « microplastique »
- Le rôle de l'industrie de la mode dans l’émission de microplastiques
- De quelles manières la Commission européenne prévoit de résoudre les problèmes liés aux microplastiques ?
1. Définition du terme « microplastique »
Dans l’Union Européenne (UE), les microplastiques correspondent à d’infimes particules de plastique, d’une taille généralement inférieure à cinq millimètres.
« Les microplastiques peuvent être fabriqués et ajoutés aux produits pour leur donner des caractéristiques spécifiques ( « microplastiques ajoutés intentionnellement »). Il est également possible qu’ils soient libérés dans l'environnement suite à des processus de production, à l'usure de produits contenant du plastique (par exemple, des textiles synthétiques) ou en raison d'une utilisation incorrecte du plastique ou d'une mauvaise gestion du recyclage et de l'élimination des déchets plastiques ( « microplastiques libérés involontairement » ), explique l'avocat Lucas Falco, spécialisé dans l’ESG (Environmental, Social, and Governance) la réglementation de l'UE en matière de plastiques , à FashionUnited.
La Commission européenne mène des projets visant à trouver des solutions aux rejets intentionnels et non intentionnels de microplastiques (plus d’informations au paragraphe 3).
Pourquoi les microplastiques soulèvent-ils des préoccupations ?
« Le principal problème réside dans le fait que ces petites particules de plastique ne se décomposent pas naturellement. Par conséquent, elles ne peuvent pas être éliminées et se retrouvent dans l’environnement. Les microplastiques restent très longtemps dans l’eau et les sols. C’est pourquoi, ils représentent une grande menace pour la nature et nos écosystèmes, mais posent également des risques pour la santé humaine », explique l’expert. Nous ingérons notamment des microplastiques par le biais de notre nourriture et de notre eau potable.
2. Le rôle de l'industrie de la mode dans l’émission de microplastiques
Comment l'industrie textile est liée aux microplastiques
L'industrie textile synthétique est considérée comme l'une des principales sources de production de microplastiques. Lucas Falco déclare à ce sujet : « Selon l'Agence européenne de l'environnement, environ 8 % des microplastiques européens qui se retrouvent dans les océans proviennent de textiles synthétiques. À l'échelle mondiale, on estime ce chiffre de 16% à 35 %. Chaque année, entre 200 000 et 500 000 tonnes de microplastiques issus de textiles se retrouvent dans l'eau. »
Un peu d'histoire :
Les matériaux artificiels ou synthétiques sont des matériaux fabriqués par l'homme en usine. Ils ne proviennent pas de la nature, contrairement au coton ou à la laine, par exemple.
Les vêtements en fibres synthétiques libèrent de minuscules particules en plastique lors du processus de production et plus tard lors de leur utilisation, en particulier lorsqu’ils sont lavés. Un seul vêtement synthétique peut libérer jusqu'à 1 900 microfibres par lavage. Ces particules sont tellement petites qu'elles ne sont pas retenues par les systèmes de filtration des stations d'épuration et se retrouvent par conséquent dans l'eau. Elles peuvent par la suite se retrouver dans les océans et les rivières.
« La plupart des microplastiques sont libérés lors du lavage de textiles synthétiques, en particulier au cours des cinq à dix premiers lavages, comme le rapporte l'Agence européenne des produits chimiques (ECHA)», explique Falco.
Porter des vêtements en textile libère également des microplastiques qui se retrouvent dans l'air (par usure), ce qui signifie que nous respirons également du plastique.
3. Comment la Commission européenne prévoit de résoudre le problème des microplastiques
Prochaines mesures visant à réduire l'impact des microplastiques sur l'environnement
« En 2018, la Commission européenne a commencé à examiner les mesures visant à réduire les émissions non désirées de microplastiques dans l'environnement, dans le cadre de la Stratégie européenne pour les plastiques», explique Falco. « En 2022, la Commission a recueilli les avis des parties prenantes sur la possibilité de légiférer pour réduire les émissions non intentionnelles de microplastiques issus de textiles, de pneus et de granulés de plastique.»
« Spécifiquement pour les textiles, la Commission envisage des mesures telles que la promotion de l'utilisation de fibres biodégradables plutôt que de fibres synthétiques, la mise en place d'exigences minimales en matière d'information ou d'étiquetage concernant le niveau d'émissions de microplastiques des produits textiles et le développement de méthodes de mesure normalisées pour les microplastiques libérés involontairement. La date exacte de publication des mesures proposées est encore incertaine, mais elles devraient être publiées d'ici la fin de 2023 », explique l'avocat bruxellois.
Cette initiative législative complète la Stratégie de l'UE pour des textiles durables et circulaires. De plus, des directives de l'UE sont en cours d'élaboration, notamment la directive anti-greenwashing qui est actuellement en discussion au sein du Conseil de l'UE et du Parlement européen et la directive sur les allégations écologiques qui est également en phase de négociation. Elles visent à garantir que les consommateurs reçoivent des informations plus justes et objectives sur les caractéristiques de durabilité des produits et que les étiquettes de durabilité des produits reflètent la réalité.
Falco déclare à ce propos : « Bien que le contenu de la proposition législative concernant les microplastiques libérés involontairement dans les textiles soit encore flou, on peut s'attendre à ce que la Commission approuve des exigences visant à garantir que les vêtements sont portés plus longtemps, mais aussi que la proposition comprendra des instructions/recommandations obligatoires pour les consommateurs ; l'imposition de procédures de pré-lavage obligatoires aux usines avant la mise sur le marché des vêtements et la promotion de matières premières alternatives au lieu de l'utilisation de fibres synthétiques, entre autres. »
En mars 2022, la Commission européenne a approuvé une proposition importante : les règles d’écoconception pour garantir des produits durables. « L'objectif de ce règlement est de réduire l'impact des produits sur l'environnement tout au long de leur cycle de vie, en établissant des exigences strictes en matière de performances et d'informations (également connues sous le nom d'exigences en matière de conception écologique) pour des catégories spécifiques de produits », explique Falco. Les exigences incluent des aspects cruciaux de la durabilité tels que la réutilisation - je veux dire par là que les produits doivent être réutilisés, par exemple après réparation, au lieu d'être remplacés par de nouveaux - et la réduction des substances qui entravent la circularité. Le textile et la chaussure seront des catégories de produits prioritaires pour la Commission. Le règlement sur la conception écologique devrait être adopté d'ici la fin de 2023.
La France n’attend pas les plans de l'Union Européenne
« Alors que l'UE travaille encore sur les mesures et les méthodes visant à réduire les émissions de microplastiques, la France est en avance. Le pays souhaite que les produits textiles fournissent obligatoirement des informations sur leur impact environnemental, y compris les émissions de microplastiques, ainsi que la méthodologie pour calculer ces impacts. La France prévoit de publier un décret en 2024 qui établira des règles pour le calcul de l'impact environnemental des vêtements et la conception d'une étiquette affichant ces informations. »
Il existe plusieurs produits innovants et innovations textiles qui vous permettent de réduire la libération de microfibres de plastique.
- L’entreprise allemande de produits électroniques AEG a développé un filtre à microplastiques pour les machines à laver. Le produit est disponible sur son site web au prix de 79 euros.
- La société Guppy Friend propose un un sac de lavage qui capture les microfibres de plastique pendant le lavage. Le produit est disponible sur le site web de Guppy Friend au prix de 29,75 euros.
- La marque Cora Balla a imaginé une balle que vous pouvez mettre dans votre machine à laver pour attraper les microfibres de plastique et empêcher leur libération. Elle est commercialisée sur son site web pour 42 dollars (39,98 euros).
Des machines à laver plus innovantes sont également en cours de développement. Patagonia et Samsung travaillent sur une machine à laver qui réduira les microplastiques de 54 %, selon une annonce partagée en janvier dernier. Les machines à laver devraient être disponibles plus tard cette année.
Porter vos vêtements plus longtemps et les laver moins souvent contribue également à réduire la libération de microplastiques.
- Les microplastiques sont d’infimes particules de plastique, généralement de moins de cinq millimètres, qui peuvent être ajoutées intentionnellement à des produits ou se retrouver accidentellement dans l’environnement.
- L'industrie de la mode contribue de manière significative à la pollution par les microplastiques. Lorsque des vêtements en fibres synthétiques, tels que le polyester par exemple, sont lavés, des microfibres sont libérées et se retrouvent dans l'eau. Les microplastiques posent un problème environnemental car ils persistent pendant des années, s'accumulent et ont donc un impact sur les écosystèmes, la faune et la chaîne alimentaire. Ils représentent également un risque pour la santé humaine.
- La Commission européenne a adopté des mesures pour répondre aux problématiques soulevées par les microplastiques (voir paragraphe 3).
Sources :
- Contribution de Lucas Falco, avocat au cabinet d'avocats bruxellois Edson Legal, septembre 2023.
- ECHA, Agence européenne des produits chimiques, rubrique les sujets scientifiques brûlants : les « microplastiques », article consulté en septembre 2023.
- European Environment Agency, « Microplastics from textiles: towards a circular economy for textiles in Europe », 10 février 2022, dernière modification le 10 février 2023, consulté le 10 septembre 2023.
- COM(2018) 28 final, A European Strategy for Plastics in a Circular Economy, 16 janvier 2018, consulté le 10 septembre 2023.
- Commission européenne, site web officiel, rubrique Measures to reduce environmental and social impacts of some durable products, public consultation, consulté le 10 septembre 2023.
- Commission européenne, site web officiel, rubrique Initiative to review the EU rules on environmental claims on packaging and in labelling, public consultation, consulté le 10 septembre 2023.
- Commission européenne, site web officiel, rubrique Proposal for a Regulation on sustainable claims made on products and in relation to services, public consultation, consulté le 10 septembre 2023.
- Europe 1, article en ligne « La France veut rendre obligatoire le calcul de l'impact environnemental des vêtements », 2 septembre 2023, consulté le 10 septembre 2023.
Cet article a initialement été publié sur FashionUnited.nl. Il a été traduit et édité en français par Aéris Fontaine.