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Que retenir de la Fashion Week parisienne AH 2022/23 ?

By Julia Garel

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Mode |EN IMAGES

Crédit : LECOURT MANSION AH22-23 (via Karla Otto)

Éclairée par plusieurs journées ensoleillées, la Fashion Week parisienne a toutefois été assombrie par l'actualité d’une guerre à quelques heures de vol de la capitale. Voici ce qu’il faut retenir de cette semaine de mode pas comme les autres.

Solidarité avec le peuple ukrainien

Le 24 février, la Russie annonce une opération militaire en Ukraine. Quatre jours plus tard débutait à Paris la Semaine de la mode pour la saison automne-hiver 2022-23. Dans ce contexte particulier, la FHCM a rapidement pris position : « La Fédération de la Haute Couture et de la Mode vous invite donc à vivre les défilés des jours à venir avec la gravité qui s’impose en ces heures sombres », écrivait le 28 février Ralph Toledano, Président de la Fédération de la Haute Couture et de la Mode, dans un communiqué. Quelques jours plus tard, le 7 mars, la FHCM annonçait retirer de son calendrier le créateur russe Valentin Yudashkin .

Interrogée sur l'actualité, Christelle Cagi Nicolau, chargée du développement des marques et du merchandising du showroom Sphère nous répond : « On sort de deux années très compliquées, et c’est aussi quelque chose qui nous touche parce qu’on est proche de certaines marques ukrainiennes ». Sa parole reflète l’ambiance de la semaine et un sentiment partagé par de nombreux professionnels de la mode.

Si certaines griffes n’ont pas fait mention du conflit lors de leur show, beaucoup ont choisi de ne pas l’ignorer. Ce fut le cas de la maison Balenciaga dont l’implication a été très remarquée, mais aussi de Coperni, de Nanushka ou encore de Stella McCartney. Et quand bien même les shows passaient sous silence le conflit, les services de presse, eux, ont rapidement inondé les boîtes mails de communiqués annonçant les donations des marques et groupes de luxe.

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Crédit : Rave Review (via Reference Studios) / Sheltersuit (via DLX)

Utilisation de stocks dormants chez les marques de créateurs

La guerre en Ukraine n’a pas fait oublier la problématique première de l'industrie : l’urgence climatique et l’impact du secteur sur l’environnement. Quatre ans après avoir été marqué par l’originalité des pièces en matières upcyclées de Marine Serre, le milieu de la mode a pris conscience de sa responsabilité environnementale et multiplié les collections issues de stocks dormants. Toutefois, ce type de pièces est surtout présent chez les marques de créateurs, peu du côté des poids lourds de l’industrie – hormis Chloé qui a fait de la mode durable son cheval de bataille depuis la nomination de Gabriela Hearst en décembre 2020.

Rave Review, label féminin basé à Stockholm et fondé par Josephine Bergqvist et Livia Schück, a présenté à l’Institut Suédois une collection inspirée de la scène rave suédoise des années 90 en utilisant des matières issues de stocks dormants tels que des kilts, des couvertures et des t-shirts. De même, Maitrepierre et Lecavalier ont fait usage de cuir provenant de stocks dormants ou des matériaux recyclés. Au Palais de Tokyo, le label de streetwear de luxe Re/Done collabore avec Sheltersuit Foundation – société néerlandaise qui aide les personnes sans abri en leur fournissant des produits chauds et recyclés – pour présenté la première collection de cette dernière intitulée « People Helping People » et qui fait la part belle à l'upcycling. À noter : la Fondation Sheltersuit avait été mise en lumière par la maison Chloé, lors du show en mars 2021.

Enfin, la marque Acne Studios a contribué à ramener le sujet de l’upcycling sur le devant de la scène en proposant une collection sur le thème du patchwork. La ligne proposait ainsi plusieurs pièces faites de denim et de cuir recyclés.

Crédit : Courtesy of Acne Studio

De son côté Marine Serre, pionnière du luxe durable, a complété son défilé d’une exposition-pop-up dans les locaux Lafayette Anticipations. La marque avait investi trois niveaux pour présenter sa collection ainsi qu’une sélection de livres et d’articles. Le label a su créer l’événement en proposant au public d’appliquer sur ses affaires personnelles le logo lunaire de la marque.

Besoin de protection

Le contexte d’incertitudes dans lequel nous baignons a amené plusieurs marques à rapprocher le vêtement de son rôle premier : celui de protection. Les vêtements protecteurs et l’idée de performance ont notamment été vus chez Balmain dont la collection proposait des armures rembourrées, des pièces à découpes et graphiques.

Crédit : Courtesy of Balmain

De même, la maison Dior a opté pour une collection aux accents utilitaires, une « esthétique technique » parfois faite de lignes luminescentes qui maintiennent une température constante, ou des systèmes capables de réguler l’humidité du corps et de le réchauffer.

L’envie de protection s’est également fait sentir au travers de signes plus subtils chez d’autres marques : le label Mossi, présent sur le showroom Sphère, proposait ainsi sa première doudoune, tandis que la maison Saint Laurent offrait un show aux pièces plus couvrantes que d’ordinaire.

Légèreté et millennials

Dans son communiqué de presse paru le 28 février, Ralph Toledano rappelait que « la création repose sur le principe de liberté, quelles que soient les circonstances. Et le rôle de la mode est de contribuer à l’émancipation individuelle et collective dans nos sociétés ». Rien d’étonnant donc à ce que la créativité et l'expression individuelle furent partie prenante de cette Fashion Week si particulière mais qui, par essence, se devait d’aller de l’avant.

Louis Vuitton – dont le show au Musée d'Orsay n'eut, cette fois-ci, pas lieu le dernier jour de la Fashion Week – livra une collection dédiée à la jeunesse, « à la poésie irrésolue de l’adolescence » et à « son romantisme vivace, son idéalisme inspirant, son désir d’avenir, ses mondes meilleurs, ses rêves d’absolu… », peut-on lire dans le communiqué.

De même, la marque Coperni a choisi d’adresser sa collection aux millennials, indiquant en notes de défilés : « À une époque où être jeune et insouciant est mis au défi par un flux constant d'incertitudes, cette collection est en quelque sorte une ode à la jeunesse ». Parmi les silhouettes, on retient : des uniformes faits de cravates recyclées, comme modifiés par les élèves qui les portent « pour exprimer leur propre créativité ». On note aussi des vêtements plus provocateurs en latex.

On retiendra également la créativité et le non-conformisme de labels inscrits pour la première fois sur le calendrier officiel parisien. Parmi eux : Vaquera (USA) avec ses pièces de lingeries portées en layering et ses jeux de proportions, Germanier (France) et sa collection en cristaux colorés, ou encore Meryll Rogge (Belgique) qui présentait une ligne de vêtements du quotidien réinventés et déconstruits – on retient notamment des robes de soirée en sport jersey – au sein de l’installation d’un dîner surréaliste présentée dans des locaux du futur Dover Street Market.

Les idées d’affranchissement et de liberté introduites par Ralph Toledano dans son communiqué ont également pris tout leur sens avec la collection sensuelle baptisée « The revenge look », de Lecourt Mansion (prix Pierre Bergé de l’Andam en 2019). La créatrice explique son message en note de défilé : « L'année dernière, j'ai brutalement été agressée simplement pour être qui je suis. Peu de temps après, j'ai été renversée par une voiture en essayant de fuir un harceleur. Encore une fois, ce harcèlement visait qui je suis. Cette collection, c'est moi qui me possède. Défendre ce que je suis et qui je suis et générer de la positivité à partir d'une telle négativité. »

Crédit : LECOURT MANSION AH22-23 (via Karla Otto)

Et aussi : Chanel, Lanvin, Hermès

Au dernier jour de la Fashion Week, Chanel a dévoilé une collection entièrement basée sur le tweed. Pour expliquer ce choix, Virginie Viard, la directrice artistique a déclaré dans les notes du défilé : « consacrer toute la collection au tweed est un hommage ». Une collection rendue joyeuse par sa palette chromatique mais sans grande prise de risque puisque le tweed est un classique de la maison, son best-seller.

Crédit : Courtesy of Chanel (AH22-23)

Hommage aussi à l’héritage de la maison chez Lanvin. La collection chic et précieuse convoque des damiers Art déco, des broderies et de la panne de velours de soie. Autant de références à l’atmosphère de l'entre-deux-guerres, « âge de prouesse créative et de prospérité pour la maison Lanvin, l’âge d’or de la maison », indique la marque dans un communiqué.

A contrario, la maison Hermès fait évoluer son vestiaire en lui incorporant des accents sportswear. Traditionnellement associée à l'équitation, la marque se frotte à l’univers de la danse et de la course : justaucorps en maille, leggings et rayures graphiques composent un vestiaire proche du corps.

INFOS FASHION WEEK PARIS AH22/23 FEMME
  • 95 Maisons inscrites au Calendrier Officiel de la Fédération.
  • 45 défilés physiques
  • 37 présentations physiques.
  • 13 présentations uniquement digitales.
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