Decathlon : un milliard d’euros pour les actionnaires et une menace de grève
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L’Association Familiale Mulliez (AFM) a annoncé le versement d’un milliard d’euros aux actionnaires, au titre de la rémunération 2024. « Inacceptable », estime la CFDT Décathlon qui appelle à une grève le samedi 7 décembre 2024.
« Un milliard d’euros pour les actionnaires et rien pour les salariés alors que la plus grande majorité d’entre eux touche seulement le SMIC, c’est intolérable » indique le communiqué de la CFDT qui exige que la valeur créée par les salariées soit partagée et appelle les 20 000 salariés de l’enseigne à se mobiliser et à faire grève dans l’ensemble des magasins, le samedi 7 décembre 2024, date qui marque le début de la période de Noël.
Decathlon appartient à l'association familiale Mulliez (AFM), groupement d'intérêt économique qui œuvre pour les intérêts économiques de la famille Mulliez, originaire du département français du Nord. L’annonce passe mal, d’autant que cette famille discrète mais richissime (fortune estimée à 28 milliards d’euros en 2023 par le magazine Challenges) est actuellement sous le feu des projecteurs avec le licenciement prévu au sein de son enseigne Auchan.
Des millions d'euros auraient été également perçus par les actionnaires d’Auchan, autre enseigne de la galaxie Mulliez, quelques années précédant l’annonce du PSE (Plan de Sauvegarde de l'Emploi) et la suppression de 2 300 postes en 2024. « Est-ce un nouveau mode de gestion au sein des enseignes Mulliez ?, questionne le syndicat. Les salariés de Décathlon doivent-ils s’inquiéter d’un PSE à venir ? ».
Une interrogation d’autant plus légitime que, selon la CFDT Decathlon, les effectifs diminuent de manière drastique dans les 330 magasins. Et pourtant, aux dernières nouvelles, l’entreprise semblait en pleine forme. Dans un article intitulé « JO 2024 : Decathlon transforme son partenariat olympique en succès commercial », FashionUnited décrivait, chiffres à l’appui, les performances de l’enseigne.
La menace que les investisseurs partent en cas de censure du gouvernement a-t-elle joué ?
Les articles de presse regorgent de nouvelles annonçant des investissements et des résultats positifs. En 2023, Decathlon a engrangé 15,6 milliards d’euros (hors taxe) de chiffre d’affaires (contre 15,4 milliards d'euros HT en 2022) et 931 millions d'euros de résultat net (« Decathlon : les chiffres clés de 2023 »).
Le contexte politique peut peut-être expliquer cette décision. Les difficultés du camp présidentiel à légiférer sans passer par l’article (arbitraire) du 49.3 créent du remous à l’Assemblée nationale. Hier encore (lundi 2 décembre 2024), une énième motion de censure a été déposée contre le gouvernement, mené par Michel Barnier. De toutes parts, on entend que cette instabilité va refroidir les ardeurs des investisseurs. Est-on en train de les rassurer ?
En l’état, l’AFM n’a pas souhaité s’exprimer, mais, selon la presse, une source proche de la direction a indiqué à l’AFP que ce montant correspond « à une distribution des réserves accumulées au sein de l’entreprise au fil du temps par les actionnaires. Elle est distribuée à l’ensemble des actionnaires, dont les plus de 60 000 collaborateurs de l’entreprise ».
Cette décision s'inscrirait « dans une gestion équilibrée de l'entreprise, la solide base financière permettant de remonter une partie des réserves vers tous les actionnaires tout en continuant à investir dans des initiatives stratégiques de croissance au bénéfice des collaborateurs, clients et partenaires ».