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Hermès « exemplaire », H&M « indécent » : les entreprises bénéficiaires qui renoncent aux aides publiques… et les autres

By Herve Dewintre

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Toutes les entreprises sont durement touchées par la pandémie mais toutes ne réagissent pas de la même façon à ses conséquences. Face à l'effondrement des ventes et aux fermetures massives des points de vente, les grandes entreprises bénéficiaires adoptent deux lignes de conduite. Celles qui décident de participer activement à l'effort collectif en renonçant à profiter des aides massives proposées par les gouvernements, et celles qui au contraire, tout en ayant une solidité financière et économique incontestable, suspendent leurs paiements.

C’est ainsi que les allemands ne décolèrent pas suite aux annonces d’H&M et de Adidas. Fin mars, les deux groupes, dont les reins sont pourtant solides, ont en effet annoncé leur intention de cesser de payer le loyer des magasins contraints de fermer à cause de la pandémie. Cette annonce s'inscrit dans le cadre d'une disposition du plan de sauvetage proposé par le gouvernement allemand. Cette disposition a pour but de protéger les locataires contre les risques d’expulsion.

Le géant suédois H&M a indiqué qu'il ne paierait pas de loyer pour ses quelque 460 magasins fermés en Allemagne, en précisant à l'agence de presse DPA qu'il avait informé les propriétaires et espérait trouver "une solution mutuellement acceptable" prochainement. L'équipementier sportif allemand Adidas, qui a réalisé un bénéfice net de près de deux milliards d'euros (2,2 milliards de dollars) en 2019, a de son côté déclaré laconiquement à DPA qu'il "suspendait temporairement le paiement des loyers, comme beaucoup d'autres entreprises".

Ces déclarations ont provoqué la colère de la ministre de la justice Christine Lambrecht : "Il est indécent et inacceptable que des entreprises financièrement solides cessent de payer leurs loyers"a-t-elle déclaré ce week-end. Plusieurs médias allemands ont rapporté que Puma prévoyait également de cesser de payer ses loyers. Alors que les équipements sportifs et les enseignes de fast-fashion attestent par ces décisions que l'éthique ne constitue pas un pilier essentiel de leur politique industrielle, les grands groupes de luxe français et italiens prennent une voie diamétralement opposée en mettant en place des mesures exaltant leur engagement responsable.

Ainsi, depuis plusieurs jours, les maisons des groupes LVMH et Kering égrènent les communiqués prouvant leur active contribution à « l'effort de guerre » demandé par le président de la république française Emmanuel Macron. On peut citer par exemple le fait que LVMH a trouvé un fournisseur industriel chinois capable de livrer dix millions de masques en France dans les prochains jours (sept millions de masques chirurgicaux et trois millions de masques FFP2) : le groupe a financé intégralement la première semaine de livraison, soit environ cinq millions d'euros. On peut citer également les mesures prises par Kering qui a promis de remettre aux services de santé français 3 millions de masques chirurgicaux. Sa filiale Gucci s'est engagée à fabriquer 1,1 million de masques chirurgicaux et 55 000 blouses pour le personnel soignant en Italie.

Hermès maintient l'intégralité des salaires, fait un don de 20 millions aux Hôpitaux de Paris et sabre son dividende

Dernière déclaration significative : celle de la Maison Hermès, qui, deux jours après Chanel, annonce qu’elle aussi maintiendra l'intégralité des salaires de ses employés, non seulement en France mais aussi dans le monde entier. Dans un communiqué, le sellier de la rue Saint-Honoré indique : « La solidité financière et économique de son modèle artisanal permet au groupe Hermès de faire face à la crise sanitaire sans précédent. Disposant d’une trésorerie suffisante, fidèle à sa culture humaniste et à ses engagements d’employeur responsable, le groupe Hermès maintiendra le salaire de base de ses 15 5000 collaborateurs en France et dans le monde sans avoir recours aux aides publiques exceptionnelles des différents Etats, notamment en France en renonçant au dispositif de soutien de l'activité partielle. » Le groupe fera également un don de 20 millions d’euros pour l’AP-HP (Assistance Publique-Hôpitaux de Paris) et s'active également à la livraison de solution hydro alcoolique produite par son site Parfum du Vaudreuil et de masques.

La ministre du travail Muriel Pénicaud se félicitait mardi sur BFM Business de décisions prises par ces géants du luxe et de l’industrie. « Il y a des petites entreprises qui ne peuvent pas se le permettre, qui n'ont pas de trésorerie, pas d’activité, pas de chiffre d’affaires qui rentre. Mais lorsqu'un grand groupe n'a pas de difficultés majeures, anticipe qu'il aura un rebond assez fort à la sortie de la crise, je crois que c'est une attitude responsable et je la salue ».

Dividende aux actionnaires : que vont décider les entreprises de luxe ?

Reste la question des dividendes. Le ministre de l'Économie française Bruno Lemaire souhaiterait que les actionnaires fassent des efforts cette année. Au micro de BFMTV, le ministre a répété vouloir refuser toute aide financière publique aux entreprises versant des dividendes à leurs actionnaires. « Soyez exemplaire : si vous utilisez le chômage partiel, ne versez pas de dividendes » a t’il martelé. La pression monte alors que s’ouvre la saison des assemblées générales. L’association des grandes entreprises demande de son côté à ses adhérents de réduire les dividendes de 20 pour cent cette année. Les groupes de luxe ne se sont pas prononcés pour l'instant. LVMH notamment maintient le suspense.

C'est Hermès qui finalement aura fait le premier pas à ce sujet. Dans son communiqué, la maison parisienne indique : « Sur proposition de la Gérance, le Conseil de surveillance a décidé de modifier la proposition de distribution de dividende qui sera soumise à l'Assemblée générale des actionnaires du 24 avril 2020 pour en ramener le montant de 5,00 euros à 4,55 euros par action, soit un montant identique à celui versé en 2019. Les gérants ont souhaité renoncer à l'augmentation de leur rémunération fixe versée en 2020 et de leur rémunération variable attribuée en 2020 au titre de 2019, et percevront donc en 2020 un montant global de rémunération identique à celui perçu en 2019. »

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Crédit : Hermès Silk Booklet SS20 © Oliver Hadlee Pearch

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