Quel avenir pour le marché du prêt-à-porter masculin ?
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Paris - Inaugurée le 21 juin, la semaine de la mode masculine fait son grand retour à Paris pour la saison printemps-été 2023. Un « retour à la normale » pour l’événement qui n’avait connu que des éditions mi-physiques, mi-digitales depuis deux ans en raison de la crise sanitaire. Alors que la mode peut à nouveau défiler, qu’en est-il de l’état de santé du secteur du prêt-à-porter masculin en France ?
S’il est encore trop tôt pour établir un chiffre d’affaires global du secteur pour l’année 2022, les indicateurs semblent toujours montrer un marché en stagnation par rapport à la référence de 2019. Dans le marché de l’habillement, les experts évaluaient à 30 pour cent la part de la mode masculine (source : Kantar, via FashionNetwork). Au deuxième trimestre 2021, les ventes du secteur du prêt-à-porter masculin en France représentaient plus de 1,4 milliard d’euros selon le baromètre Kantar. Ce montant représente une croissance positive de 26 pour cent comparé au même trimestre de l’année 2020.
Une croissance en demi-teinte
Alors que la crise sanitaire a faussé les statistiques pour la période 2020-2021, difficile de prévoir si l’année 2022 sera celle d’un regain de santé pour l’industrie du prêt-à-porter masculin. Face à l’enthousiasme créé par cette nouvelle saison des défilés à Paris, les professionnels du secteur espèrent redresser la barre. L’IFM Panel (Panel Distributeurs de l’Institut Français de la Mode) rapporte que, tous circuits confondus, les ventes de l’habillement pour hommes ont enregistré une croissance de 29,8 pour cent au premier trimestre 2022 par rapport au même trimestre 2021.
Des chiffres à considérer avec prudence, souligne Gildas Minvielle, Directeur de l’Observatoire économique de l’IFM, qui précise que si la tendance est à la hausse dans le contexte de sortie de la crise sanitaire, la référence de 2019 n’est pas encore dépassée. Stagnantes sur la période 2018-2019, les ventes du secteur avaient chuté de 20,9 pour cent en 2020 avant de retrouver une croissance positive de 9,1 pour cent en 2021, notamment grâce aux nouvelles habitudes d’achats en ligne chez les hommes et à la réouverture des principaux distributeurs.
Vitalité de création dans le menswear
Au premier trimestre 2022, les chiffres sont encourageants pour les chaînes spécialisées et la grande distribution, en croissance respective de 42,5 pour cent et 9,5 pour cent, selon les données de l’IFM Panel. Parmi elles se détachaient en 2020 les enseignes Celio et Intersport (source : LSA Conso), toutes les deux sur podium pour la vente d’articles de prêt-à-porter masculin. Les grands magasins enregistrent quant à eux une augmentation de 75,8 pour cent des ventes de prêt-à-porter masculin par rapport au premier trimestre 2021 (source : IFM Panel), marqué par le troisième confinement en France.
Si les ventes des magasins indépendants enregistrent un recul de 7 pour cent au premier trimestre 2022 (IFM Panel), il se peut que la vitalité de la création fasse renverser la balance. La dernière édition du salon Pitti Uomo, organisée du 14 au 17 juin, a réuni pas moins de 671 marques (contre 548 collections l’édition précédente) dont 40 pour cent étrangères ainsi que de nombreux acheteurs internationaux comme Le Bon Marché, les Galeries Lafayette ou Highsnobiety (qui vient d’être racheté par le géant allemand Zalando).
Le dynamisme de la semaine de la mode masculine parisienne pourrait aider à relancer la croissance du secteur, notamment grâce au retour de grands noms du luxe (Celine, Givenchy, Comme des Garçons ou Thom Browne) parmi les 84 maisons inscrites au calendrier officiel. Mais les projecteurs se tournent aussi vers la jeune création, à l’image de Louis Gabriel Nouchi, Egonlab ou Blumarble, dont les considérations durables commencent à entrer dans les habitudes des consommateurs et esquissent une nouvelle silhouette masculine. Citons aussi Marine Serre qui présentera en fin de semaine un premier défilé mixte dans le cadre de la semaine de la mode masculine.
Malgré les espoirs de relance, reste à souligner que si la tendance est à la hausse, les ventes du secteur de l’habillement pour homme restent 22 pour cent en-dessous du volume enregistré sur l’année 2019 (source baromètre Kantar via FashionNetwork).