La mode dans les médias cette semaine : une nouvelle étape franchie dans la lutte contre la fast Fashion (partie 2)
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FashionUnited revient, chaque vendredi, sur un fait marquant de l’actualité mode. Cible d’une enquête lancée par l’OCDE (l'Organisation de la coopération et du développement économique), Shein a récemment été bannie de la plateforme de mode de seconde main, Vestiaire Collective. Le géant chinois, ainsi que plusieurs marques de fast fashion, sont actuellement visés par un projet de loi qui devrait leur imposer des taxes à cause de la surproduction de vêtements.
Un projet de loi contre la fast fashion
La lutte contre la fast fashion pourrait bientôt prendre une autre dimension, avec l’implication de la loi pour limiter leur impact, d’abord sur l’environnement et aussi sur les consommateurs : « Une proposition de loi pour pénaliser ces entreprises et interdire leur publicité va être défendue par le groupe Horizons. Le texte (...) porté par Anne-Cécile Violland, députée de la 5ème circonscription de Haute-Savoie (...) vise à pénaliser financièrement les enseignes de fast fashion et interdire leurs publicités (...) Les députés Horizons ont pour objectif d’informer au mieux les consommateurs afin de “réduire l’impact environnemental” de ces marques d’e-commerce », rapporte Le Messager. Rendez-vous le 14 mars prochain pour savoir si ce projet sera validé ou non.
Dans le même temps, un autre député a annoncé un projet de loi similaire : « La proposition de loi déposée par Antoine Vermorel-Marques, député LR de la Loire, veut instaurer un système de bonus-malus s'appuyant sur l'impact environnemental des marques (...) Le texte sera examiné en mars à l'Assemblée nationale. Dans le viseur: les géants de la "mode jetable" comme Shein ou Temu. L'objectif est "de baisser le prix de votre vêtement" s'il est "fabriqué en France, en Europe" ou "vendu dans un commerce de proximité" et, au contraire, d'appliquer un "malus" si "vous achetez sur une plateforme qui ne respecte pas nos normes sociales et environnementales”. Estimant qu'un malus en pourcentage n'aurait qu'un moindre effet sur un vêtement qui ne coûte que quelques euros, Antoine Vermorel-Marques lui préfère une pénalité de 5 euros sur chaque vêtement de "fast fashion". À l'inverse, un bonus viendrait soutenir l'achat de vêtements plus responsables” », détaille BFMTV.
« Si la mesure est adoptée, sur chaque vêtement de fast-fashion acheté, le consommateur se verra imposer un malus de 5 euros », précise L’Info.re.
En termes de communication, le député Antoine Vermorel-Marques a préféré s’adresser aux principaux consommateurs de fast-fashion, c’est-à-dire les jeunes. C’est donc sur TikTok qu’il a présenté et détaillé son projet de loi : « Sur une vidéo postée sur le réseau social, l’élu se prête au jeu du “haul”. Il présente ses achats Shein, comme les autres influenceurs, à une exception : cette vidéo sert en fait à promouvoir un projet de loi contre le géant chinois (...) La vidéo qui totalise près de 450 000 vues sur le réseau social chinois et quasiment 61 000 likes, a permis au député de mettre en avant son projet de loi », relate Capital.
Que pense la profession de ce projet ?
Si ces deux projets de loi venaient à être validés en mars prochain, c’est toute l'industrie de l’habillement et du textile qui serait fortement impactée. Si la France sera la principale concernée, la décision influencera forcément les choix et initiatives d’autres pays. Les professionnels du secteur saluent la démarche. Yann Rivoallan, président de la Fédération Française du Prêt-à-porter Féminin, s’est exprimé sur BFM TV, affirmant que : « la concurrence des géants de l'ultra-fast fashion fait "plus que mal" (...) [ce sont] "plus de 10.000 emplois [qui seront] détruits dans une année" et "des sociétés célèbres en France comme Naf Naf, Kookaï ou Camaïeu qui ont été détruites" »
Dans une publication sur son compte Linkedin, l’Union Française des industries de la Mode et de l’Habillement (UFIMH) qui est l'institution représentative de l'ensemble du secteur Mode et Habillement, a apporté son soutien, déclarant que « La lutte contre l’ultra fast-fashion est une nécessité, une évidence. (...) La surproduction délirante de vêtements ne peut pas se faire au détriment de notre économie, de notre modèle social et de la planète. L’UFIMH - La Mode Française sera attentive aux modalités d’application des propositions de lois en cours. Elle contribue activement à certains travaux parlementaires et continue son dialogue régulier avec Bercy pour venir à bout de pratiques concurrentielles inacceptables. Nous nous battons pour construire une mode plus vertueuse ».
Face à ses accusations, Marion Bouchut, directrice associée des affaires publiques chez Shein Europe a défendu le modèle de la plateforme chinoise, lors d’un passage sur la radio Europe 1 : « On parle beaucoup de fast fashion, voire même d’ultra fast fashion, mais ce n’est pas notre modèle (…) Nous ne fonctionnons pas sur un système de collection. Pour chaque article que nous souhaitons lancer (et qui ne sera pas forcément lancé, c’est bien-là toute la différence), nous produisons entre 100 et 200 exemplaires, pour le monde entier, sachant que nous livrons dans 150 pays, c’est très peu. (…) Nous effectuons des pré-tests pour mesurer l'intérêt de certains produits grâce à des signaux d'appétence de l'audience. C'est en fonction de ces résultats que nous décidons de lancer ou non la production, de l'augmenter, de la ralentir voire de la stopper. Même s’il y a beaucoup d’articles sur la plateforme en ligne, ils ne sont pas forcément tous produits. Nous sommes à des niveaux de stock et d’invendus bien inférieur à 10%, contrairement aux acteurs traditionnels qui sont entre 20 et 40 % ». Reste à savoir si ces arguments réussiront à convaincre les députés, en mars prochain.
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