La mode dans les médias : Shein crée la polémique à Lille

FashionUnited revient, chaque vendredi, sur un fait marquant de l’actualité mode. Critiquée, mais toujours appréciée par les clientes, les avis face à l'ascension de Shein sont mitigés. Si la grande majorité de l’opinion publique semble dérangée par les pratiques de l’entreprise, en matière de respect de l'environnement et des conditions de travail des employés, les chiffres de l'entreprise continuent de grimper et son ascension est indéniable, ce qui peut paraître assez paradoxal. Forte de son succès, Shein multiplie les ouvertures de pop-up stores à travers le monde. Malgré quelques contestations, cette stratégie a plutôt bien fonctionné jusqu’à présent. Sauf que les choses ne se sont pas déroulées comme prévu lors de la dernière ouverture, à Lille.

À peine ouvert, déjà vandalisé

Si l’opération des pop-up stores s’est relativement bien déroulée jusqu’à présent, l’ouverture à Lille, le 20 octobre dernier, a été différente. « Sur la Grand'Place ce vendredi, tous ne sont pas venus faire des affaires. Des créateurs et des chefs d'entreprises du textile local ont manifesté leur opposition à cette mode délocalisée. Sur des panneaux, des opposants ont écrit des slogans comme : "Ne rien faire coûtera beaucoup plus cher" ou encore "Achetez malin, achetez humain. Quelqu'un, quelque part en paye le prix. #Stopshein" », relate BFM Tv.

Il faut dire que la ville de Lille, ainsi que toute la région du Nord de la France, a une longue histoire avec le textile, ce qui rend cette installation assez délicate : « Pour Madjouline Sbai, sociologue de l'environnement nordiste, installer un pop-up store du géant de l'ultra fast-fashion est comme une provocation." C'est lourd de sens parce qu'on a une longue histoire textile dans la région. Dans les années 80-90, on a commencé à sous-traiter dans d'autres pays la fabrication textile, néanmoins, il est resté un tissu économique autour de la mode et de l'habillement dynamique. Et depuis quelques années, il y a une vraie volonté de réinventer ce modèle, y compris en re-fabriquant dans la région. Finalement de voir se développer encore de nouvelles entreprises de l'ultra fast-fashion, ça pose question ».

Une contestation qui, cette fois-ci, est allée plus loin que de simples mots : « Dans la nuit, des militants d’Extinction Rebellion ont visé les vitrines du magasin éphémère Shein avec de la peinture noire. « Nous l’avons repeinte avec sa vraie couleur : celle de la pollution. » Le mouvement écologiste dénonce l’impact de l’industrie textile sur l’environnement et les conditions de travail des ouvriers », explique La Voix du Nord.

Tous les professionnels du secteur sont d’accord pour dire que le modèle économique de Shein est en totale opposition avec leurs visions et les valeurs qu’ils prônent. Cependant, du côté des consommateurs, le discours est totalement différent.

Pop-up store Shein, un succès indéniable

Malgré ses nombreux détracteurs, Shein peut poursuivre son évolution en toute sérénité puisque l’entreprise a réussi à obtenir l’adhésion du public. Le magasin éphémère de Lille a ouvert ses portes entre le 20 et le 24 octobre de 10h à 19 h 30, dans les locaux de l’ancienne parfumerie Marionnaud Grand-Place. Comme à chacune des ouvertures, les clientes sont venues en masse et la file d’attente n’a pas désempli : « Il y avait du monde à Lille ce vendredi matin, pour l'ouverture de la boutique éphémère Shein. Au moins 200 personnes s’étaient rangées en file indienne en attendant l’ouverture des portes, à 10h », rapporte La Voix du Nord.

C'est en mai 2023 que Shein a démarré son opération pop-up store. Depuis, l’entreprise chinoise d’ultra fast fashion est passée par Paris, Ibiza, Marseille et Lille. Une pétition, lancée en avril dernier, pour interdire l’installation de Shein en France à travers ses pop-up stores, a obtenu un peu plus de 262 000 signatures, en sept mois. Une faible adhésion qui confirme encore le paradoxe entre les plaintes de certains et la réalité du marché.