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Industrie textile : le Maroc se positionne sur l’échiquier mondial

By Florence Julienne

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Salons |En Images

Salon MIM. Itex. © Florence Julienne

Du 9 au 11 mai 2023, la présence d’une délégation française au MIM, salon de l’industrie textile marocaine, financé par l’Agence Marocaine de Développement des Investissements et des Exportations (AMDIE), signe la volonté du secteur textile marocain de resserrer les liens avec la France. Reportage.

Circuit court, taxe carbone, droit du travail, etc., l’industrie textile internationale est sommée de revoir son business model. Dans la nouvelle carte qui se dessine, les industriels marocains, exposants au MIM et représentés par l’AMITH (Association Marocaine des Industries du Textile et de l'Habillement), se mobilisent pour faire la démonstration de leur savoir-faire et communiquer sur la stratégie d’investissement menée par sa Majesté Mohammed VI.

Salon MIM. Yasmine Sejjai, pour « La Petite Ancienne ». AMDIE. © Florence Julienne

C’est dans ce contexte que, mercredi 10 mai 2023, le salon MIM ouvre ses portes dans le quartier d’Anfa, à Casablanca, sous une immense tente blanche dans une zone ensablée, évoquant l’imaginaire du désert. À l’intérieur, environ 140 exposants, plusieurs espaces et de nombreux visiteurs étrangers invités. Parmi eux, un groupe de Français venus de différents horizons (créateurs de marques, presse, bureaux de style), encadrés par le bureau de presse Totem Fashion Casablanca. À droite depuis l’entrée, sont réunies les entreprises marocaines qui confectionnent majoritairement pour les marques occidentales.

Salon MIM. Mazofil. © Florence Julienne

Ces dernières années, les Français, pourtant gros clients (Kiabi, Pimkie, Celio, etc.) perdent des parts de marché sur le parc industriel marocain en comparaison à d’autres pays : Espagne en tête avec l’omniprésence d’Inditex, Mango, etc., Allemagne (Hugo Boss, Otto, Betty Barclay, Gerry Weber, etc.), Portugal ou Pologne (LPP). Cela tient au fait que l’industrie marocaine fonctionne principalement sur une logique de production de volumes et que la France a récemment fermé ou réduit la voilure de quelques gros acteurs (Camaïeu, Cop Copine, Kookaï, etc.).

À noter que ces gros clients produisent majoritairement en Asie ou au Bangladesh. Les fabricants marocains, réputés pour leur réactivité et plus proches géographiquement, gèrent les réassorts et les collections mode (qui demandent à être testées). Mais avec la taxe carbone qui sera appliquée en 2027, cette politique de proximité pourrait s’amplifier. Aussi, le salon reçoit-il les honneurs de l’équipe de la marque Jules, qui s’est récemment déclarée entreprise à mission et s’est engagée dans une démarche RSE, désireuse d’entretenir des relations plus étroites avec le Maroc.

Salon MIM. Stand tatouage des mains. © Florence Julienne

Une nouvelle charte de l’investissement pour dynamiser la relance économique du Maroc

Le problème que soulève le recul de la France est que le parc marocain n’est pas extensible à loisir. S’il représente environ 15 pour cent du PIB industriel total et emploie 200 000 personnes de manière directe (dont 60 pour cent de femmes), il n’est plus le premier employeur du pays et est passé derrière l’automobile. La raison évoquée ? Le Maroc ne produit pas de tissu. L’amont fonctionnant au ralenti, les places dans les unités de production se font plus rares.

Rencontré sur le salon, Alaedine Tidjani, coordinateur du projet Gitex pour l’International Trade Center (ITC), est chargé d’estimer les capacités de production du Maroc. Mais ce qui peut vraiment changer la donne, c’est la Nouvelle Charte de l’Investissement menée par le Ministère de l’Investissement de la Convergence et de l’Évaluation des Politiques Publiques. L’objectif est de mobiliser 550 millions de dirhams (un peu plus de 40 millions d’euros) pour créer 500 000 emplois d’ici à 2026.

Plusieurs industries sont concernées par ce dispositif de primes (à l’embauche des femmes, au développement durable, etc.). Il permet de se faire rembourser jusqu’à 30 pour cent des investissements. Côté textile, via l’AMDIE, le ministère mise sur le tissu et le cuir techniques.

Salon MIM. David Bardin pour Evlox. © Florence Julienne

La success story des entreprises intégrées, productrices de tissus ou confectionnant en petites quantités

Néanmoins, certains fabriquent des tissus, notamment dans le secteur de la décoration, comme Mazafil qui conçoit des couvertures chamarrées en polyester. Côté mode, citons Evlox, du groupe espagnol Tavex. « Nous importons du coton, naturel, régénératif ou recyclé, de la région de Cadix, dans le sud de l’Espagne, ou d’Inde, pour fabriquer de la toile denim, nous explique David Bardin, directeur commercial. Nous le transformons en fils, le teignons, le tissons et faisons les finitions ici, près de Casablanca. Nous produisons un million de mètres par mois, soit 700 000 pantalons qui serviront à des marques comme Diesel, Chanel, Louis Vuitton, Replay ou Hugo Boss ».

Salon MIM. Brother. © Florence Julienne

Des sociétés comme Itex, qui se revendique « entreprise intégrée horizontale », c’est-à-dire qu’elle produit le tissu et confectionne, sont rares. Certaines se positionnent sur des technologies durables. C’est le cas de Brother qui propose des impressions à l’unité plus écologique. Une autre carte à jouer est celle des petites quantités. Pour cela, les industriels doivent être à même de passer d’un minimum de commandes de 500 pièces à la couleur, pour des raisons de coût (importer le tissu coûte cher) à des quantités moindres.

Salon MIM. Maroc Boutons. © Florence Julienne

À titre d'exemples : Mohamed Jouhri pour Blue Fingers, 600 employé(e)s, au service de Kaporal, Promod, Des Petits Hauts, etc., a reçu la marque Sézane à ses débuts, quand personne ne les connaissait. Il a accepté de réduire ses minima à cent pièces. Résultat : le volume a grandi avec le temps ; le Français Damien Vasic - SubliWear, 500 employé(e)s -, spécialisé dans l'impression et la confection de sportswear par sublimation, peut fabriquer à l’unité ; Maroc Boutons produit, comme son nom l’indique, des boutons.

Salon MIM. Itex. Isiksoy Tekstil. © Florence Julienne

En attendant le développement de textiles à forte valeur ajoutée, le flanc gauche du salon de filière MIM, regroupe 51 confectionneurs de tissus venus de Turquie. Certes, ils exportent le produit fini mais il faut quand même signaler que la matière première (fils de polyester, bourre de viscose ou de coton) peut provenir des États-Unis, d’Asie, etc. Rencontrés sur le salon, les responsables d’Isiksoy Tekstil viennent ici pour la première fois et exposent, d’ordinaire, à Texworld, Première Vision, Kingpins, etc.

Salon MIM. Intisar Baiz, pour Intiss’Art. © Florence Julienne

Un espace créateurs à l’entrée du salon MIM

Signe que la transition est bien en marche, l’entrée du MIM offre une place d’honneur à neuf créateurs de marque à forte identité. Yasmine Sejjai, pour « La Petite Ancienne », s’inspire de l’artisanat local et des vêtements traditionnels (gandouras, djelabbas) pour développer une collection unisexe dans des matières nobles comme le lin. Intisar Baiz, pour Intiss’Art, utilise la technique des tapis Boucherouite, tissés à partir de matières recyclées d'anciens tapis, bouts de tissus, vieux vêtements, pour réaliser de remarquables robes Couture. La jeune créatrice confectionne même ses propres tissus à base de fils entortillés sur un papier qui se résorbe avec l’eau.

Salon MIM. Stand Nadia Chellaoui. © Florence Julienne

Enfin, citons Nadia Chellaoui, dont le Baby Bag a été médiatisé par la série Emily in Paris. Nous l’avions précédemment présentée nouvelle ambassadrice du savoir-être marocain. C’est toujours le cas puisqu’elle vient d’ouvrir l’agence de presse Totem Fashion Casablanca, avec Kuki de Salvertes et Malak Chaoui. Le but ? Introduire des marques françaises sur le marché marocain et inversement. La relation historique, culturelle, linguistique qui unit le Maroc et la France ne demande qu’à s’épanouir.

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