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Les tendances du sourcing mondial en 2013

By FashionUnited

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Cette semaine, sur le salon Zoom by Fatex, dédié à la confection à façon pour la mode, une certaine fébrilité semble animer les acheteurs. La crise en Tunisie est dans les esprits, le prix des matières premières et la nouvelle donne

chinoise aussi. La conférence « Worldwide sourcing in 2013 », animée et présentée dans le club Vip du salon par Anne-Laure Linget, responsable du développement international à la Fédération de la maille de la Lingerie, est pleine à craquer. Un signe que les sourceurs manœuvrent en coulisses pour trouver des destinations alternatives.

Que
s’est-il passé précisément pour que les acheteurs soient à ce point à l’affût de nouvelles solutions ? Tout d’abord, bien entendu, la hausse générale du coût des matières premières, du coton en particulier, qui a atteint son summum en mars 2012. Les prix se sont certes stabilisés (moins douze pour cent par rapport à décembre 2011 pour le coton, moins 5 pour cent pour la laine, moins 15 pour cent pour le lin) mais des tensions peuvent réapparaître.

Ensuite, les salaires : ils ont évolué avec force en 2012. En Asie, l’augmentation globale atteint + 15 pour cent en un an, ce qui rend le différentiel entre les salaires asiatiques et ceux pratiqués dans les pays proches de l’Europe (où la hausse est que de l’ordre de 3 à 5 pour cent) moins important. Concrètement, le Bangladesh et le Vietnam ont des coûts de production analogues à ceux de la Moldavie par exemple, entre 250 et 300 dollars par mois, l’Indonésie, 200 dollars, le Cambodge et le Laos encore moins, un salaire chinois sur la zone côtière s’apprécie à 360 dollars, un salaire turque à 650 dollars.

Cette hausse du prix des matières premières, des salaires mais aussi de l’énergie dans les pays asiatiques explique, en toute logique, une croissance export exceptionnelle en valeur, notamment en Asie. 421 milliards de dollars de textile-habillement ont été exportés en 2012, c’est la plus grande augmentation des exportations réalisée depuis 20 ans : + 17 pour cent ! De plus, malgré la baisse des importations en Europe et aux USA, il faut noter une hausse conséquente des importations en Afrique, en Russie et dans les Emirats Arabes Unis.

Y a-t-il un problème entre la Chine et L’Europe ?

Lors des quinze dernières années, l’évolution dans l’union européenne des parts de marché de la chine a connu de puissantes fluctuations. En 1995, avant la libération des accords multi-fibres, cette part de marché s’établissait à 10 pour cent. La fin des quotas en 2004 permit à la chine de devenir le numéro un mondial des exportations (46 pour cent en 2010). Mais, pour la première fois depuis quinze ans, cette part de marché est en baisse : - 10 pour cent en valeur (c’est-à-dire – 17 pour cent en volume) des exportations en provenance de Chine dans un marché européen en contraction (-5 pour cent). C’est à la fois un changement de stratégie des européens, mais aussi des Chinois qui ont décidé de se recentrer sur leur propre marché.

Le
sud-est asiatique (Bangladesh avec + 9 pour cent mais aussi le Sri Lanka et le Vietnam) compense la forte baisse de la chine. Une bascule qui devrait s’accentuer. Le Bangladesh est devenu le deuxième fournisseur de l’Union européenne en passant de 8 à 13 pour cent de part de marché en 5 ans : une hausse méritée car le pays offre des métiers circulaires de très haut niveau, on y trouve de bons teinturiers et les nouvelles technologies s’y sont largement installées. De plus, le pays dépend pour une très large part des exportations de textile habillement qui tirent sa croissance. La distance enfin : le Bangladesh est plus près de nous que Shanghai.

Il faut noter la présence forte de la Roumanie qui devient une vraie alternative à la Turquie.Notons également que les pays nouvellement riches (grâce aux hydrocarbures) comme l’Azerbaïdjan, le Kazakhstan, l’Ouzbékistan et certains pays d’Asie Centrale semblent être une voie inédite de développement pour les fabrications européennes. Enfin, la relocalisation en Europe et en particulier en France se confirme alors que l’on assiste à une baisse globale des importations en volume et en valeur. Ces chiffres, plutôt favorables, sont portés par la reprise aux USA et au Moyen Orient ainsi que par le développement des importations de fabrications « Made in Europe » par la Chine.

Les tendances de sourcing des Etats-Unis

Si on compare ces chiffres européens avec les Etats Unis, on observe là aussi non seulement une baisse globale (- 5 pour cent en volume) et une baisse de la Chine au profit du Sud Est asiatique. Si l’Europe travaille particulièrement bien avec le Bangladesh et le Cambodge, les Etats Unis privilégient le Vietnam et l’Indonésie. Cela s’explique largement par les méthodes de travail qui divergent sur les deux continents. Un exemple : la production vietnamienne est « dictée » par les acheteurs américains qui fournissent la matière première en fonction de leur besoin. Une pratique qui diffère de la gestion des acheteurs européens.

Autre fait notable, les américains arrivent en Turquie depuis deux ans (+ 16 pour cent) et on observe un accroissement des livraisons en provenance de la Jordanie (+ 10 pour cent), du Maroc (+20%) et de la Tunisie (+17%). Les américains ont un avantage de taille sur l’Europe : le volume de leur production. Ils ont également un handicap : la forte pression qu'ils exercent sur les prix. Peut-être aussi, ont-ils compris que les européens vont se tourner petit à petit vers des pays comme la Roumanie.

Et 2014 ?

À l’avenir, il faudra composer avec ses six grandes problématiques : le prix du coton tout d’abord. Apres une accalmie en 2012, nous savons que le marché va de nouveau se tendre puisque la production sera inférieure à la demande cette année. La seconde grande question concerne une Afrique, de plus en plus « chinoise » : les effets pervers de l’accord AGOA entraînent une croissance de +12 pour cent des exportations chinoises en Afrique. Les champs de coton africains sont clairement sous surveillance chinoise. L’autre grande problématique c’est l’Inde qui décroche : programmée pour devenir la nouvelle Chine textile, elle ne le sera jamais car elle s’est orientée vers de nouveaux métiers, se faisant ainsi définitivement remplacée par le Bangladesh . Autre grand sujet : quelle suite au Printemps Arabe ? L’effondrement des importations égyptiennes et syriennes (-20 pour cent environ) se transformeront probablement en opportunité pour les pays de l’Est.

Les coûts de production vont-ils encore augmenter ? La réponse est oui : après 20 ans de stabilité des coûts d’importation et le big-bang de 2011, les prix vont augmenter de +2 à +5 pour cent par an, notamment en raison de la hausse des salaires asiatiques. Assiste-t-on à une relocalisation vers l’Ouest ? La réponse, là aussi, est affirmative : les Européens augmentent leur sourcing proche import, notamment du Portugal et de Turquie. En allant plus loin, on peut même parler de retour du made in France. Un retour qui touche aussi - on l’a vu récemment avec Système U - des acteurs de la grande distribution.

Illustration photo: salon zoom by fatex

(Hervé Dewintre)

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